« Il est tout à fait possible de faire de l’imagerie de pointe dans une structure libérale. Cela demande juste un certain volontarisme, de la motivation et une bonne organisation entre les différents radiologues de la structure », explique le Dr Charles Mellerio, neuroradiologue au centre cardiologique du Nord, à Saint-Denis et vacataire à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. « Je garde une activité hospitalière une journée et demie par semaine comme la plupart des associés », précise-t-il.
Le Dr Mellerio s’est installé au début 2016 dans ce centre qui compte 13 radiologues. « Tous ont une surspécialisation. Nous sommes deux neuroradiologues, trois confrères font de l’imagerie cardiaque, une de l’imagerie de la femme, un de l’imagerie abdominale, trois ostéo-articulaire et trois autres en radiologie interventionnelle. C’est indispensable d’avoir un nombre suffisant de radiologues pour faire de l’imagerie de pointe dans une structure libérale. Il faut atteindre un certain seuil critique. En dessous de cinq radiologues, cela me semble difficile de se lancer dans ce type d’activité », indique le Dr Mellerio.
La première condition, pour développer des techniques de pointe dans le privé, est donc de développer une bonne cohésion entre les radiologues de la structure. « Il faut que le projet soit porté par le groupe. Si un radiologue fait de l’imagerie avancée seul dans son coin, sans se préoccuper du flux des autres patients, il se trouvera forcément en compétition avec ceux qui viennent pour un examen tout venant », indique le Dr Mellerio, en insistant aussi sur la nécessité d’avoir un recrutement suffisant de pathologies complexes. « Il faut, pour cela, avoir un bon réseau de correspondants libéraux et hospitaliers. Dans notre centre, c’est le cas vraisemblablement grâce à cette surspécialisation ».
Une autre condition est de pouvoir développer des partenariats efficaces avec des industriels de l’imagerie. « C’est important de disposer d’un matériel performant et de disposer des dernières technologies dans un secteur pour lequel les améliorations techniques sont aussi rapides qu’en informatique. C’est indispensable également de pouvoir bénéficier d’un support technique », indique le Dr Mellerio.
Selon lui, le principal frein reste une cotation qui ne valorise pas suffisamment les actes d’imagerie innovants et chronophages. « Prenons le cas de l’IRM fonctionnelle. Le temps passé par le patient à l’intérieur de la machine est deux fois plus long que pour une IRM cérébrale standard. Mais surtout, il y a un temps incompressible d’au moins 20 minutes passé avant l’examen avec le patient pour lui expliquer les consignes. Il devra en effet réaliser des tâches cognitives pendant l’acquisition des images, par exemple, un exercice de langage. Enfin, le temps du post-traitement et de l’interprétation peut parfois prendre plus d’une heure. Malgré cela, une IRM fonctionnelle est cotée par l’assurance-maladie au même niveau qu’une IRM cérébrale standard. De manière générale, les examens de pointe ne bénéficient pas de valorisation particulière ».
D’après un entretien avec le Dr Charles Mellerio, neuroradiologue au centre cardiologique du Nord, à Saint-Denis et radiologue vacataire à l’hôpital Sainte-Anne à Paris
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