L’augmentation de la demande d’imagerie en urgence, notamment de l’imagerie en coupes (25 % des demandes sont des scanners), a pour corollaire une charge croissante lors des gardes et astreintes, qui sont de plus en plus difficiles à assumer. « Un véritable cercle vicieux s'est installé, en particulier dans les hôpitaux périphériques, où de nombreux postes restent vacants, ce qui accroît encore les difficultés pour assurer la permanence de soins, note la Pr Kathia Chaumoitre. Et dans les hôpitaux universitaires, l'augmentation de la charge de travail décourage certains de rester à long terme ».
En outre, les examens demandés en urgence sont à la fois très variés et plus en plus complexes, l'interventionnel occupe une place croissante alors que les radiologues sont de plus en plus spécialisés. Il ne s’agit plus d’examens « basiques » pour faire un bilan rapide et permettre le tri des patients des urgences mais d’examens souvent de pointe (coroscanners, IRM neuro…) pour lesquels la demande des cliniciens est d’avoir une interprétation aussi précise et performante qu’en horaire de jour. « La Société française de radiologie (SFR) et le G4 ont recommandé en 2014 qu'il y ait un senior de garde sur place dans les centres de niveau 1, mais ceci ne va pas sans retentir sur l'activité réglée en journée en raison du repos compensateur obligatoire », souligne la Pr Chaumoitre.
Face à cette problématique, plusieurs pistes sont explorées
La première concerne la pertinence même des examens demandés. La SFR a actualisé en 2012 « Le guide du bon usage des examens d'imagerie médicale ». Les recommandations ne sont toutefois pas spécifiquement dédiées aux urgences et des guides régionaux, plus centrés sur les urgences, voient le jour. Cette pertinence concerne à la fois l’indication mais aussi le délai de réalisation. Il faut arriver à limiter les urgences organisationnelles dont le caractère urgent n’est pas médical mais vient de difficultés en amont (service des urgences plein sans lit d’aval) ou d’un dysfonctionnement en journée (RDV réglés trop lointains donc examens demandés en urgence).
Une autre solution se fonde sur la téléradiologie, qui peut prendre différentes formes : groupement de plusieurs hôpitaux avec un senior de garde commun comme c'est le cas à l'AP-HM, groupement d'hôpitaux privés ou encore développement de sociétés privées. « La téléradiologie est adaptée au scanner et à l’IRM mais pas à l'échographie qui requiert une personne sur place et une possible dérive serait de faire des scanners à la place des échographies. Nous travaillons sur ce sujet à la Fédération d'imagerie urgence de la SFR », note la Pr Chaumoitre. Parmi les possibles solutions : le développement de la pratique de l'échoscopie par les urgentistes, après des formations adaptées ; la délégation de tâches aux manipulateurs ou encore, de façon plus anecdotique, le recours à l'échographie robotisée.
Dans les grands centres, la spécialisation vers l'imagerie d'urgences avec une équipe dédiée organisée comme le service d’urgence peut être une solution, mais ce type d'organisation ne peut concerner que peu de services.
Une autre possibilité serait un meilleur partage de la permanence de soins entre public et privé, avec par exemple une participation systématique aux gardes et astreintes des médecins libéraux qui utilisent les machines. Mais ceci pose alors le problème de leur formation.
« Il n'y a pas de solution idéale, et toutes les possibilités doivent être explorées », conclut la Pr Chaumoitre.
Imagerie Imad'imagerie urgence de la SFR.
D'après un entretien avec la Pr Kathia Chaumoitre, AP-HM, Marseille, responsable de la FIU
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?