Les chiffres sont éloquents : un quart de la population d’Amérique du nord et d’Europe est atteinte d’allergies respiratoires (dont 15 à 20 % d’une forme sévère) et l’OMS projette qu’en 2050, la moitié de la population mondiale sera concernée. Pourtant, les Français qui en souffrent semblent majoritairement ignorer l’éventail des traitements actuellement disponibles et seule une minorité a recours à un spécialiste des allergies pour son suivi médical. C’est ce qui ressort d’une enquête Ifop / Stallergenes réalisée fin mai dernier auprès de 523 personnes souffrant d’allergies respiratoires.
Si les allergiques sont conscients de la gravité de leur maladie et savent pour 65 % d’entre eux que leur affection risque de s’aggraver avec le temps, ils sont une infime partie (16 %) à savoir qu’elle résulte d’un dysfonctionnement du système immunitaire. « Ces maladies sont à la fois devenues plus fréquentes, mais aussi plus graves. La pollinose peut très souvent s’associer à une allergie alimentaire et la multiplication des allergies augmente fortement le risque de développer de l’asthme », prévient le Pr Jocelyne Just, chef du service Pédiatrie-pneumo-allergologie de l’hôpital Trousseau (Paris).
Le médecin généraliste préféré à l’allergologue
Quand une allergie est suspectée, une majorité de patients (54 %) se dirige vers le médecin généraliste, alors que le spécialiste allergologue n’est consulté que par 34 % d’entre eux. Pour Christine Rolland, Directrice de l’association « Asthme et Allergies », le problème résulte dans le fait que « le médecin généraliste traite les symptômes épisodiquement en oubliant souvent d’orienter vers le spécialiste ». Or, « tant que le diagnostic n’est pas fait par un allergologue, on ne rentre pas dans le bon parcours de soin ». Selon elle, il est aujourd’hui « important d’élever le niveau d’exigence des patients ».
Plus étonnant peut-être, seuls 31 % des allergiques connaissent l’existence de traitements à long terme de l’allergie respiratoire et 51 % pensent que l’immunothérapie allergénique (ITA) permet uniquement d’en soulager les symptômes, tandis qu’un quart avoue ne pas savoir en quoi elle consiste exactement. Pour le Pr Just qui rappelle que l’ITA « est le seul traitement étiologique de l’allergie respiratoire », il est fondamental de « le commencer suffisamment tôt, lorsque les allergies ne sont pas encore multiples ». Malheureusement, « très peu de gens se font désensibiliser », alors que « si l’indication est bonne, la réponse de l’ITA est de 100 % avec un effet rémanent pouvant s’étendre à 5, voire 10 ans ».
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