Selon le type d’individu, les destinations et conditions de séjour, le taux de voyageurs malades varie de 15 % à 70 % en fonction également du champ de pathologies pris en compte dans les études.
Au rang des principaux maux de santé en voyage, la diarrhée reste en tête de liste, devant les affections des voies aériennes supérieures, les dermatoses et la fièvre. « On constate de plus en plus de maladies infectieuses non tropicales, notamment des cas de pyélonéphrite, pneumonie à pneumocoque, sinusite, angine, bronchite, otite… En somme de la pathologie cosmopolite infectieuse banale », relève le Pr Éric Caumes, président du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). « Si globalement, il y a de moins en moins de maladies tropicales, elles ne doivent pas être oubliées pour autant car certaines d’entre elles peuvent engager le pronostic vital très rapidement », ajoute le Pr Caumes.
Paludisme
Cette tendance ne vaut pas spécialement pour le paludisme dont le nombre de cas d’importation repart à la hausse depuis 2013. « On ne sait pas si cela réaugmente du fait des militaires partis au Mali, et en République Centrafricaine, ou des migrants qui retournent en Cote d’Ivoire, ou d’une réaugmentation du risque. Il faut rester vigilant et l’adage que toute maladie fébrile au retour de voyage en pays tropical est un paludisme doit rester vrai », indique le Pr Caumes. Selon le dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») relatif aux recommandations sanitaires pour les voyageurs publiées cette semaine, environ 4 370 cas de paludisme d’importation ont été estimés en 2014 en France métropolitaine, soit une hausse d’environ 8 % par rapport à 2013. Dans 96 % des cas, ces importations émanent de pays d’Afrique subsaharienne. Pour optimiser la prévention du paludisme en voyages, les recommandations 2015 sont marquées par une régionalisation des conseils. « On est passé d’une approche macrogéographique, à l’échelle d’un pays, à une approche microgéographique à l’échelle d’une région dans un même pays », précise le Pr Caumes.
Dépister les résistances
Une autre tendance mise en évidence depuis deux ans et qui se confirme aujourd’hui concerne le problème de la résistance aux antibiotiques. « Jusqu’à récemment, on croyait que pour être porteur dans son tube digestif de bactéries résistantes aux antibiotiques au retour de voyage, il fallait avoir été hospitalisé à l’étranger. Aujourd’hui, on sait que c’est bien plus grave que cela puisqu’il suffit seulement d’avoir voyagé », souligne le Pr Caumes. De plus, « si vous avez voyagé, avez eu la diarrhée et avez pris des antibiotiques, vous avez un risque accru, de portages de bactéries résistantes dans le tube digestif, estimé par exemple à 80 % au retour d’Inde », explique-t-il. Ces bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent se transmettre de personne en personne au sein de la communauté. « Ce problème ne concerne pas que des entérobactéries présentes dans le tube digestif, mais également les staphylocoques dorés qui sont portés sur la peau », ajoute-t-il. « Tout problème de santé au retour de voyage mérite une consultation spécialisée », insiste le Pr Caumes. Comme les bactéries que l’on porte dans le tube digestif sont les principales causes d’infections urinaires, en cas d’infection urinaire au retour de voyage, il faudrait faire plus attention à une bactérie multirésistante.
Attention aux arboviroses
Enfin, le Pr Caumes insiste quant « à la nécessité de diagnostiquer une dengue, ou une infection par les virus chikungunya ou zika, et de les déclarer aux autorités sanitaires pour éviter une épidémie du fait de la présence du moustique vecteur dans beaucoup de régions françaises notamment au sud de la Loire ».
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