Au premier trimestre 2024, une quinzaine de cas groupés de coqueluche ont été rapportés dans huit régions. Détectés majoritairement en collectivité, mais aussi au sein de la sphère familiale, ces clusters ont engendré 70 cas. « Une reprise de la circulation s’amorce en France », en conclut Santé publique France (SPF), alors qu’en 2023, seule l’Île-de-France avait signalé des cas autour de deux clusters (18 cas au total).
« La coqueluche évolue par cycles de recrudescence tous les 3 à 5 ans », rappelle une publication de SPF. Ces dernières années, six pics épidémiques ont été identifiés par le réseau de surveillance des nourrissons hospitalisés, Renacoq : 1997, 2000, 2005, 2009, 2012-2013 et 2017-2018. Après le dernier pic (162 cas rapportés), « le nombre de cas n’a cessé de diminuer », est-il indiqué, avec 34 en 2022 et seulement quatre en 2021 chez des moins de 12 mois. Le rebond qui « pouvait être attendu en 2021-2022 » n’a pas eu lieu, très probablement en raison des mesures de lutte contre le Covid. Les premières remontées de données sur 2024 indiquent « une reprise de la circulation de la bactérie en communautaire », avec un « risque d’intensification dans les prochains mois », avertit SPF.
En Europe, plusieurs pays sont plus sérieusement touchés, avec des « épidémies importantes » en Croatie, au Danemark ou au Royaume-Uni et des « hausses significatives » en Belgique, en Espagne et en Allemagne. Dans un rapport publié en mars, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) s’inquiétait du regain de contaminations observé, notamment chez les 15/19 ans et parmi des populations vaccinées. La République tchèque est le pays le plus concerné avec 3 101 cas rapportés entre le 1er janvier et le 17 mars, dont 3,4 % ont nécessité une hospitalisation. Un décès a également été enregistré. Les Pays-Bas (1 749 cas signalés entre le 1er janvier et le 10 mars, versus 2 712 sur l’ensemble de 2023) ont eux aussi déploré quatre décès chez de jeunes enfants.
Une confirmation biologique au moins pour le premier cas d’un cluster
Dans ce contexte, SPF rappelle que la coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, mais les cas sont à signaler à l’agence régionale de santé (ARS) s’ils découlent d’une infection nosocomiale ou lors de la survenue d’un cluster (à partir de deux cas) que les cas groupés soient intrafamiliaux ou en collectivité. Les mesures comprennent l’éviction du malade, un traitement antibiotique pour le malade, une antibioprophylaxie pour les contacts non vaccinés et une mise à jour vaccinale pour la population exposée. Il est également recommandé de confirmer biologiquement « au minimum le premier cas » et « d’envoyer un prélèvement, isolat bactérien ou ADN extrait du prélèvement au centre national de référence (CNR) de la coqueluche pour confirmer notamment l’espèce », est-il précisé.
La vaccination reste le « seul moyen de protection », insiste SPF. Elle est obligatoire pour les nourrissons depuis 2018, avec une injection à deux mois et une à quatre mois. Des rappels sont ensuite prévus à 11 mois, à 6 ans, puis entre 11 et 13 ans. La vaccination est également recommandée pour les femmes enceintes dès le second trimestre de grossesse, idéalement entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée. En l’absence de vaccination de la mère au cours de la grossesse, « la vaccination de la mère en post-partum et des personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses six premiers mois de vie (stratégie dite du cocooning) » est préconisée.
La vaccination est aussi recommandée pour les personnes immunodéprimées, les professionnels de santé (y compris dans les Ehpad), les personnes travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons âgés de moins de 6 mois, les étudiants des filières médicales et paramédicales, les professionnels de la petite enfance dont les assistants maternels, les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting.
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