Au lendemain de la tonitruante audition du Pr Didier Raoult (directeur de l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection) à l'Assemblée nationale, son équipe a publié une nouvelle étude sur l'efficacité de l'association hydroxychloroquine-azithromycine dans le traitement de l'infection par le SARS-CoV-2.
Cette étude a été publiée dans la revue « Travel Medicine and Infectious Disease » (revue dont Philippe Gautret, 3e auteur de l'étude, est éditeur associé). Il s’agit d'un travail rétrospectif portant sur 3 737 patients dont 3 119 traités par l'association hydroxychloroquine (200 mg, 3 fois par jour)- azithromycine (500 mg par voie orale le premier jour, puis 250 mg par jour pendant 4 jours). L'évolution de ces patients a été comparée à celle de 618 autres patients bénéficiant d'un autre traitement.
Tous groupes confondus, le taux de mortalité était de 0,9 % et des lésions pulmonaires étaient observées chez 59,7 % des 991 patients qui ont bénéficié d'un scanner thoracique.
Les patients bénéficiant du traitement avaient un risque 5 fois moindre d'être transférés en unité de soin intensif ou de décéder (risque relatif : 0,18) et un risque plus faible d'hospitalisation supérieure à 10 jours (risque relatif : 0,38). Par ailleurs, le virus était détectable plus longtemps chez les patients non traités par l'hydroxychloroquine et azithromycine.
Les auteurs concluent qu’un diagnostic, un isolement et un traitement précoces des
patients Covid-19 avec au moins trois jours d’administration d’hydroxychloroquine et d’azithromycine conduisent à des résultats cliniques significativement améliorés.
Une étude qui ne convainc pas
Si cette étude est la plus importante jamais réalisée par les chercheurs marseillais, il ne s’agit toujours pas d'une étude prospective randomisée et les deux groupes ne présentent pas de caractéristiques identiques. Les patients traités par l'association hydroxychloroquine et azithromycine sont en effet significativement plus jeunes que ceux qui ne bénéficient pas du désormais célèbre « protocole Raoult », leurs symptômes à l'inclusion sont en moyenne moins sévères et souffrent moins fréquemment de maladies chroniques.
Plusieurs épidémiologistes cités par nos collègues du « Monde » se déclarent non convaincus par ces résultats. L'un d'entre eux, le pharmacologue et pneumologue Mathieu Molimard (université de Bordeaux) souligne que les deux groupes de patients n'ont pas été traités au même endroit par les mêmes équipes. Il s'insurge aussi contre le fait que les chercheurs marseillais ont exclu du groupe hydroxychloroquine ceux qui ont été traités moins de 3 jours. « Ces (patients) devraient rester dans le groupe HCQ, surtout si leur passage dans le groupe contrôle est lié à un décès ou un passage en réanimation », explique l'épidémiologiste.
Des propos repris par Anton Pottegard, professeur de pharmacoépidémiologie de l'université de Danemark du Sud : « Le principal problème est que ceux qui ne survivent pas au traitement sont classés comme non traités. »
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