Qu'en est-il de la contagiosité des enfants toujours sujette à caution ? Une récente étude chinoise publiée dans « The Lancet Infectious Disease » apporte de nouveaux éléments de réponse alors que le ministre de la Santé Olivier Véran a réaffirmé la volonté du gouvernement de garder les écoles ouvertes pour des raisons, tant sociales que sanitaires.
Il ressort tout d'abord qu'au sein d'un foyer touché par le Covid-19, les enfants et les adolescents ont moins de risque que leurs aînés de contracter une infection par le SARS-CoV-2. C'est aussi le constat tiré d'une étude allemande publiée dans le « Jama Pediatrics », qui met en évidence une séroprévalence trois fois plus faible chez les enfants et un risque quatre fois plus élevé de la situation parent positif-enfant négatif que de celle parent négatif-enfant positif.
Mais, selon la vaste étude menée dans le berceau de l'épidémie, il reste que les enfants une fois contaminés sont plus susceptibles de transmettre l'infection à leurs proches. Ce travail de modélisation a été réalisé à partir de 27 101 foyers de Wuhan, où ont été concentrés 80 % des cas de Covid-19 en République populaire de Chine. Les auteurs (université de Hong-Kong, CDC de Wuhan, École de santé publique de Wuhan et Université de Floride) ont tenté d'évaluer la transmissibilité pour chaque individu issu d'un foyer avec un ou plusieurs cas confirmés en laboratoire, entre le 2 décembre 2019 et le 18 avril 2020.
Un foyer était défini comme un groupe de personnes appartenant à une même famille, mais ne partageant pas nécessairement le même toit. Ce qui importait aux chercheurs était qu'il existe des contacts susceptibles de constituer des liens épidémiques au cours de la période considérée.
Les adolescents, moins à risque que les jeunes enfants
Les chercheurs chinois ont dénombré un total de 29 578 cas confirmés et 57 581 cas contacts. Le taux d'attaque secondaire dans l'ensemble de la cohorte et sur l'ensemble de la période était estimé à 15,6 %, en prenant pour hypothèse de base une incubation moyenne de 5 jours et une période infectieuse moyenne de 22 jours. Ce taux de reproduction a diminué de 52 % à partir du moment où une politique de confinement très stricte a été mise en place pour casser les chaînes de transmission au sein même des foyers.
En basant leur travail sur l'ordre chronologique d'apparition des symptômes et de positivité des tests, les chercheurs ont constaté que les individus âgés de 60 ans ou plus constituaient le groupe le plus à risque d'infection par le SARS-CoV-2. Chez les enfants, les individus de moins d’un an ont plus de risque d'être infectés que ceux de 2 à 5 ans (risque relatif de 2,2) ou que ceux de 6 à 12 ans (1,53).
Mesures à définir quand un enfant est infecté
Pour un temps d'exposition identique, les enfants et les adolescents avaient moins de risque d'être infectés par un membre de leur foyer. En revanche, ils avaient 58 % de risque en plus d'infecter d'autres membres du même foyer que les adultes de 60 ans et plus. Ces résultats peuvent être reliés aux travaux effectués par l'Institut Pasteur dans le cluster de Crépy-en-Valois, en France. Les épidémiologistes de la rue du Docteur Roux avaient conclu que les enfants avaient plus de risque de transmettre le Covid-19 ou de s'infecter dans le milieu familial que dans leurs écoles.
Par ailleurs, les individus asymptomatiques étaient près de cinq fois moins contagieux que les individus symptomatiques. Chez les individus symptomatiques, le risque de transmission de la maladie est 42 % plus élevé avant l'apparition des symptômes qu'après.
« Ces données ont des implications importantes pour la conception et la mise en place de mesures destinées à bloquer la transmission du SARS-CoV-2 dans les foyers touchés par la maladie, concluent les auteurs. Ils fournissent notamment de précieuses informations sur l'intérêt de vacciner les enfants », dans l'hypothèse où les vaccins préviendraient la transmission.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?