Pendant la période de prédominance des sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5, les doses de rappel des vaccins ARNm monovalents contre le Covid ont permis de maintenir une protection élevée contre le risque d’hospitalisation. Mais cette efficacité, croissante à chaque nouvelle injection, diminue dans le temps, rapporte la dernière étude de pharmaco-épidémiologie d’Epi-Phare (groupement d’intérêt scientifique ANSM-Cnam), publiée ce 21 février.
Cette étude cas-témoins a été menée à partir de la totalité des données d’hospitalisation pour Covid-19 entre le 1er juin et le 15 octobre 2022 en France, soit 38 839 personnes hospitalisées. L’analyse de ces données intervient dans un contexte où « le niveau d’immunité de la population est très élevé », que l’immunité ait été acquise par une infection ou par une injection, rappelle le directeur d’Epi-Phare, le Pr Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Versailles-Saint-Quentin (Yvelines).
Une immunité globale élevée après trois ans de pandémie
Premier enseignement, deux ans après le début de la campagne vaccinale, la population primo-vaccinée est toujours mieux protégée contre le risque d’hospitalisation que les non-vaccinés. Cette efficacité est de l’ordre de 45 %, un niveau « élevé à deux ans des premières injections », indique le Pr Zureik.
Les doses de rappel apportent ensuite une protection supplémentaire. Par rapport à l’absence de vaccination, les rappels offrent une protection de 56 % pour le premier rappel (3e dose) et de 75 % pour les 4e et 5e doses. Et, comparé à la primo-vaccination, chaque rappel apporte une efficacité additionnelle estimée à 69 % dans les deux premiers mois suivant l’injection.
Mais cette protection diminue avec le temps : elle passe à 55 % entre deux et quatre mois, à 30 % entre quatre et six mois et à 22 % au-delà de six mois. « Six mois après un rappel, la protection revient au niveau post-primo-vaccination », souligne le Pr Zureik.
Une durée de protection à confirmer
Autre enseignement, l’immunité hybride (acquise en cumulant infection et vaccination) offre la meilleure protection. « L’efficacité de l’immunité hybride était estimée à 82 % comparativement à des personnes ne bénéficiant pas d’une deuxième dose de rappel et n’ayant pas eu d’infection post-troisième dose », lit-on dans le rapport.
Mais, alors que les complications liées à la vaccination restent très rares, une infection expose à des risques aussi bien individuels (formes sévères, Covid long, complications cardiovasculaires, diabètes, etc.) que populationnels (risque de contamination de personnes fragiles et participation à la circulation virale et au risque de mutations du virus). « La balance bénéfice/risque reste largement favorable à la vaccination », insiste le directeur d’Epi-Phare.
La question est désormais de déterminer la durée de l’immunité vaccinale et de l’intervalle entre deux rappels ou entre une infection et un rappel. « Il apparaît de plus en plus clair qu’un rappel ne serait pas nécessaire dans les mois suivant une infection. Après avoir eu le Covid, on peut probablement attendre six mois avant une dose de rappel », estime le Pr Mahmoud Zureik.
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