Une contribution publiée récemment (6 mars 2020) sur le quotidiendumedecin.fr( « Deux scientifiques font le point sur la crise du Coronavirus ») a retenu toute mon attention. Signé de Laurent Lagros Directeur de Recherche à l'INSERM et Didier Payen Pr Emérite Université Paris7, ce texte était, la semaine dernière, au palmarès des consultations sur le site, ce qui me paraît totalement justifié compte tenu de l'importance du travail de synthèse qu'il représente. Il pointe à juste titre « le réel danger » de ce virus, alerte qui me paraît d'autant plus nécessaire que les résultats de votre enquête Flash : « Covid-19, allez-vous porter un masque en consultation ? » montre que seuls 40 % des médecins répondent positivement.
Cependant, je me permets d'attirer l'attention de nos collègues sur une recommandation qui n'est pas pertinente à savoir « disposer d'un appareil à osmose inverse pour purifier l'eau est un atout dans ce contexte » laissant entendre que ce type d’appareils domestiques filtre les virus. Le diable est décidément dans les détails !
Cet article circule largement sur les réseaux sociaux, ici, en Corse (où je suis retraitée mais impliquée). Il faut savoir qu'en Corse le nombre de morts rapportés au nombre d'habitants est de 10 fois la moyenne nationale. Au moment où nous écrivons ces lignes, les chiffres sont de 1 pour 100 000 habitants contre 1 pour 1 000 000, probablement du fait d'un timing plus proche de celui de l'Italie et de lignes maritimes encore actives avec ce pays. Ce qui explique que tout soit ici scruté par les citoyens qui se posent toutes sortes de questions et ce sera probablement bientôt le cas sur l'ensemble du territoire.
Le sujet de la qualité de l'eau après de grandes intempéries (catastrophes naturelles ) que nous avons connues est aussi très sensible, surtout en cette période électorale. Une telle recommandation pourrait laisser supposer une transmission par l'eau du Coronavirus et ainsi limiter le lavage des mains au savon malgré la pénurie de gels hydroalcooliques.
Du bon usage des appareils à osmose inverse
Certes, il existe des appareils à osmose inverse qui peuvent filtrer les bactéries et virus mais ce sont des installations professionnelles haut de gamme très encombrantes et très coûteuses. La Société PALL que nous connaissons bien dans les CHU peut en effet assurer une telle prestation, qui n'est absolument pas accessible à l'usage domestique. Les filtres à osmose inverse vendus 50 ou 100 euros par diverses sociétés sur amazon.fr ne prétendent d'ailleurs pas assurer une telle fonction mais supprimer certaines autres impuretés courantes.
Bien sûr il existe des publications scientifiques très spécialisées qui montrent que l'on peut théoriquement modifier l'utilisation d'un tel filtre domestique, membrane nanoporeuse, pour en faire un filtre viral. Mais il faut en permanence s'assurer de l'intégrité totale de la membrane qui doit en permanence être contrôlée en faisant l’acquisition d’un conductivimètre. Si on comprend bien que ceci soit à la portée d'un chercheur dans son arrière cuisine, on ne peut en aucun cas le conseiller au commun des mortels, connaissant de plus la vulnérabilité de tout un chacun en cette période de crise aiguë.
Il nous paraît donc indispensable que cette recommandation soit supprimée, car cela engage aussi la crédibilité du Quotidien du Médecin dont j'apprécie, depuis plusieurs années d'abonnement, la qualité de l'information.
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