Concernant la crise sanitaire que nous traversons, et la situation de la médecine libérale, l'organisation de la prise en charge des crises sanitaires en France est pour le moins paradoxale. Ceci n'est certainement pas étranger à un certain sentiment général de flottement pour ne pas dire d'amateurisme.
Effectivement – comme d'ailleurs lors de la crise de la vaccination H1N1- le ministère de la Santé, quel que soit le gouvernement, organise les choses de manière prédominante par des structures publiques existantes ou nouvellement créées au lieu de mettre en jeu les 120 000 médecins libéraux généralistes et spécialistes qui seraient fort utiles pour gérer ces crises.
Au lieu de tout faire passer par le SAMU pour dépister et isoler les patients suspects et aboutir rapidement à une surcharge de ces services d'urgence, que n'avons-nous pas mobilisé les 60 000 médecins généralistes infirmières, laboratoires, pour essayer de confiner à leur domicile les patients atteints comme l'ont fait nos voisins allemands dont les médecins généralistes étaient en possession de systèmes de tests, malheureusement insuffisamment disponibles en France de même que les systèmes de protection des professionnels.
En lieu et place de cela, le principal de la crise a été géré au niveau des hôpitaux, où les choses ont été bien gérées pour les cas graves, mais en laissant la médecine de ville quasiment de côté, et en suscitant auprès de la population une crainte de fréquenter les cabinets médicaux, parfaitement injustifiée d'ailleurs ; ceux-ci étant parfaitement à même de faire le tri entre des patients manifestement déjà atteints – à voir au domicile, ou en télémédecine, et à confiner — des autres patients, avec des précautions concernant la fréquentation de la salle d'attente pour limiter le risque de contamination à partir de sujets asymptomatiques. Cette crainte d’ailleurs aboutira sans aucun doute à une crise sanitaire secondaire par des retards de prise en charge si l’on n’y prend pas garde.
Je souhaite mettre en avant également le dynamisme de la médecine de ville qui en médecine générale comme en spécialité, a rapidement développé la prise en charge des patients par télémédecine, ainsi que des outils d'aide au diagnostic et d'aide au suivi et à la télésurveillance des patients, et ceci en grande partie grâce à l'aide d'entreprises françaises dynamiques, et à la collaboration que celles-ci ont pu engager avec la structure chargée du déploiement de la e-santé dans la région Grand Est, PULSY Grand Est.
Un grand merci à toute la population qui nous soutient chaque soir, et une pensée pour tous ceux d'entre les professionnels qui sont actuellement eux-mêmes atteints, et parfois de formes graves, et surtout pour ceux que nous avons perdus.
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