Le Pr Yazdan Yazdanpanah a dévoilé ce jeudi matin les objectifs et les ambitions de la nouvelle agence ANRS Maladies Infectieuses émergentes dont il a pris la tête le premier janvier. Cette agence rassemble les missions et les moyens de l'ancienne Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) et le consortium REACTing chargé de coordonner la recherche d’urgence en infectiologie.
Le chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Bichat a commencé par désamorcer la polémique née autour du financement de la nouvelle agence. Plusieurs associations historiques de la lutte contre le sida et les hépatites, telles que TRT-5, de même que des personnalités comme les Prs Françoise Barré-Sinoussi ou Dominique Costagliola, ont exprimé des craintes à ce sujet. « Aux 38 millions du budget initial de l’ANRS plus quelques « fonds de tiroirs » n’ont été ajoutés que 2 millions de budget de lancement accompagnés de promesses de financements pluriannuels et contraints », écrivent les responsables de TRT-5, ajoutant que « la recherche sur les maladies émergentes réclame au moins 36 millions ».
Le budget de 38 millions « est réservé à la recherche sur le sida, les hépatites et la tuberculose, rassure le Pr Yazdanpanah. C'est un autre budget qui est en cours de négociation avec les deux ministères de la Santé et de la Recherche. »
Un modèle d'organisation qui a fait ses preuves
D'un point de vue organisationnel, le modèle est celui de l'ANRS : « une agence de financement extrêmement efficace dans les domaines du VIH, des IST et de la tuberculose », résume le Pr Yazdanpanah, pour qui l'ANRS maladies infectieuses sera une agence multi-institutionnelle. « Bien qu'il s'agisse d'une agence autonome de l'Inserm, poursuit-il, l'ensemble des institutions de recherche française seront présentes dans sa gouvernance. Elle va également intégrer les citoyens et les ONG avec qui REACTing a beaucoup travaillé. » Le Cirad et l'INRAE seront ainsi représentés pour les sujets « One Health » et la recherche préclinique. « Nous avons aussi un axe fort autour de la modélisation qui est un secteur de recherche très important dans les temps à venir », complète le Pr Yazdanpanah.
Parmi les projets les plus immédiats, l'ANRS Maladies Infectieuses émergentes est en train de mettre en place un réseau de 50 laboratoires de virologie hospitaliers pour assurer la surveillance épidémiologique, à commencer par celle de l'épidémie de Covid-19. « Nous sommes en train de travailler avec le centre national de référence à un protocole de séquençage et un cahier des charges pour intégrer des acteurs privés, explique le Dr Bruno Coignard de Santé publique France. Une démarche similaire est aussi en cours pour tout ce qui concerne la culture de virus et les tests de susceptibilité des variants aux anticorps. »
Participer à des réseaux de recherche internationaux
La coordination de la recherche internationale en infectiologie figure aussi parmi les objectifs de l'agence. « Je pense que la recherche internationale a trouvé ses limites pendant cette crise, explique le Pr Yazdanpanah. Nous avons un département stratégique dont l'objectif est de favoriser la coopération internationale et de préparer en amont les programmes de recherche au niveau européen lors des prochaines émergences. » Il est notamment prévu de mettre sur pied un réseau européen de recherche clinique et un autre de recherche sur la vaccination.
Le Pr Yazdanpanah garde la direction de l'Institut thématique multi-organisme (ITMO)
Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie. Il précise les rôles respectifs de cette structure et de la nouvelle agence : « l'ITMO va travailler sur des aspects non couverts par l'ANRS Maladies infectieuses émergentes, tels que les recherches en immunologie par exemple », explique-t-il.
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