Au 30 juin 2019, 20 478 personnes suivaient un programme de prophylaxie pré-exposition (PrEP) en France, soit 2 fois plus qu'au 30 juin 2018.
Ces chiffres issus du Système National des Données de Santé (SNDS) ont été communiqués jeudi 27 novembre par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ils témoignent de la forte progression de ce mode de prévention de l'infection par le VIH reposant sur la prise de Truvada, ou l'un de ses génériques, par des personnes non contaminées, mais très exposées au risque de contamination.
Selon ces données, plus de 80 % des utilisateurs renouvellent leur traitement d’un semestre à l’autre, suggérant un bon niveau de maintien de la PrEP après son initiation. Conformément aux conditions de prescription actuelles, l’initiation de la PrEP est très majoritairement effectuée à l’hôpital (dans 90 % des cas). Il en est de même pour son renouvellement (85 % des cas).
Cette augmentation du nombre de « PrEPeurs » explique-t-elle à elle seule le fléchissement du nombre de nouvelles séropositivités observées en 2018 ? Franck Barbier, responsable « nouvelles stratégies de santé » à l'association AIDES attribue plutôt la baisse de 7 % de 2018 aux effets du « treatment as prevention ».
« Il faudrait multiplier le nombre de PrEPeurs par 3 ou 4 par rapport aux chiffres de 2018, soit 32 000 gays sous PrEP et d'autres personnes très exposées pour espérer véritablement agir sur l'épidémie », détaille-t-il.
Diversifier les publics
Les utilisateurs de la PrEP sont principalement des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), âgés de 37 ans en moyenne, résidant en Ile-de-France ou dans une grande métropole.
S'il reconnaît les progrès accomplis, Franck Barbier regrette « l'accès à la PrEP dans les DOM TOM, et notamment la Guyane, et la part bien trop faible des femmes sont un souci ». L'association AIDES plaide pour les pistes permettant un meilleur accès à la PrEP, « la primo prescription en ville en est une, qui fait maintenant consensus avec le milieu médical et le ministère », précise Franck Barbier.
Un décret autorisant primo prescription par les médecins généralistes est attendu au premier semestre 2020. « On travaille actuellement avec la SFLS (Société française de lutte contre le sida) sur cet élargissement de la PrEP en plus de l'hôpital et des centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic », ajoute Franck Barbier.
Concernant l'entrée de nouvelles populations exposées dans la PrEP, d'autres formes qu'orales sont en développement : PrEP topiques avec des gels, à base d'antirétroviraux ou de microbicides. « Les résultats sont insuffisants ou mitigés, reconnaît Franck Barbier. Pourtant, on dispose aujourd'hui d'une PrEP orale très efficace, qu’il faudrait étendre pour les personnes particulièrement exposées ou ne pouvant pas imposer le préservatif lors de leurs rapports sexuels. »
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?