Pour accompagner les professionnels de santé de premier recours dans la lutte contre l'antibiorésistance, la Haute Autorité de santé (HAS) a élaboré, conjointement avec la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP), une série de fiches mémos sur les infections bactériennes courantes de ville.
Y sont renseignés le choix de la molécule et la durée de prescription la plus courte possible. Prescription pour des infections virales, antibiothérapie à spectre trop large, durée excessive, les mésusages sont encore trop nombreux en santé humaine.
Ces fiches, qui s'inscrivent dans le cadre du plan national pour la maîtrise de l’antibiorésistance, ont été relues pas le Collège de la médecine générale et les sociétés savantes concernées.
« L’exposition excessive aux antibiotiques participe directement à la progression des résistances bactériennes, réduisant l’arsenal thérapeutique disponible et pouvant conduire à des impasses de traitement », indique la HAS, rappelant que l’antibiorésistance est un problème prioritaire de santé publique au niveau international. D'après l'agence sanitaire, les résistances aux antimicrobiens seraient responsables de 700 000 décès chaque année dans le monde. Et en France, l’antibiorésistance est mise en cause dans plus de 5 000 décès par an chez des patients atteints d’infections à bactéries résistantes.
Une information synthétique à disposition des professionnels
Les fiches mises à la disposition des professionnels de santé doivent leur permettre d'avoir accès à une information synthétique concernant le choix de la molécule et les durées de traitement. Elles s'adressent en priorité aux professionnels de santé de premier recours (médecins généralistes, pédiatres de ville et gériatres impliqués dans la prise en charge des infections bactériennes courantes). Mais autres médecins spécialistes, sages-femmes, pharmaciens, internistes et chirurgiens-dentistes sont également concernés.
Les fiches concernent les infections urinaires chez la femme, les infections ORL chez l’adulte et l’enfant, les infections bactériennes cutanées, les infections à Helicobacter pylori chez l’adulte, les urétrites et les cervicites non compliquées et la diverticulite aiguë sigmoïdienne non compliquée*. Elles sont accompagnées d'une fiche de synthèse qui reprend le choix de l’antibiothérapie de première intention et sa durée préconisée pour l’ensemble de ces infections.
« La réduction de la durée de traitement antibiotique au minimum nécessaire pour les pathologies bactériennes courantes de ville constitue une des stratégies pour restreindre l’exposition aux antibiotiques et lutter contre les résistances bactériennes, souligne la HAS. Recommander des durées de traitement qui ne soient plus mentionnées sous forme d’intervalles étendus concourt à cet objectif dans un contexte d’homogénéisation des prescriptions sur le territoire national. »
* 19 fiches distinctes ont été élaborées : 1. Diverticulite aiguë sigmoïdienne non compliquée ; 2. Impétigo ; 3. Abcès cutanés ; 4. Dermohypodermites bactériennes non nécrosantes chez l’adulte ; 5. Dermohypodermites bactériennes non nécrosantes chez l’enfant ; 6. Furoncles chez l’adulte et chez l’enfant ; 7. Furonculoses ; 8. Traitement guidé de l'infection par Helicobacter pylori chez l’adulte ; 9. Traitement probabiliste de l'infection par Helicobacter pylori chez l’adulte ; 10. Cystite aiguë simple, à risque de complication ou récidivante, de la femme ; 11. Colonisation urinaire et cystite chez la femme enceinte ; 12. Otite moyenne aiguë purulente de l’adulte ; 13. Otite moyenne aiguë purulente de l’enfant ; 14. Pyélonéphrite aiguë de la femme ; 15. Rhinopharyngite aiguë et angine aiguë de l’adulte ; 16. Rhinopharyngite aiguë et angine aiguë de l’enfant ; 17. Sinusite de l'adulte ; 18. Sinusite de l'enfant ; 19. Urétrites et cervicites non compliquées.
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