Mpox : le técovirimat bien toléré mais inefficace sur le clade 1, selon une étude en RDC

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Publié le 16/08/2024
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Une étude africaine évalue depuis 2022 l’intérêt du técovirimat dans l’infection mpox, en collaboration avec les Instituts nationaux de la santé américains. Si l’antiviral se révèle décevant, les soins de support ont à l’inverse permis d’accélérer la guérison et de diminuer la mortalité chez tous les participants.

Crédit photo : CHINE NOUVELLE/SIPA

Le técovirimat apparaît ne pas être à la hauteur des espoirs, alors que l’épidémie de mpox connaît une résurgence préoccupante en Afrique. Cet antiviral au large spectre sur les Poxviridae n’a pas diminué le temps de guérison des lésions chez les adultes et les enfants, selon les premières données d’une étude randomisée, contrôlée versus placebo (dite Palm007) menée en République démocratique du Congo (RDC) depuis 2022. La mortalité de l’ensemble des participants s’est néanmoins avérée plus faible (1,7 %) que celle rapportée dans le pays (au moins 3,6 %), démontrant qu’il est possible d’améliorer le pronostic avec une hospitalisation et des soins de qualité.

Ces résultats, encore non publiés, ont été communiqués le 15 août, le lendemain du déclenchement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de son plus haut niveau d’alerte mondiale de santé publique en réponse à l’épidémie de mpox croissante en Afrique. Une annonce faite par les Instituts nationaux de la santé américains (NIH) qui ont co-financé l’étude avec l’Institut national de recherche biomédicale de RDC.

« Ces résultats sont décevants, mais ils nous donnent des informations essentielles et renforcent le besoin d’identifier d’autres candidats thérapeutiques pour le mpox, alors que nous continuons les recherches sur le técovirimat dans d’autres populations infectées », explique la Dr Jeanne Marrazzo, directrice de l’Institut national de l’allergie et des maladies infectieuses, le NIAID des NIH.

Nutrition, hydratation, traitement des infections secondaires

Le premier cas humain de mpox a été détecté dans les années 1970. Le clade 1, étudié dans cet essai, est endémique en Afrique centrale et peut entraîner une maladie sévère. Le clade 2, endémique en Afrique de l’Ouest, tend à donner des formes plus modérées. L’épidémie mondiale en 2022 était due à un sous-type du clade 2. Les personnes immunodéprimées, les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement susceptibles de présenter une forme sévère, quel que soit le clade, rappelle le communiqué des NIH.

L’épidémie actuelle en Afrique centrale, en particulier en RDC, touche principalement les enfants de moins de 15 ans, avec 67 % des cas suspectés et 78 % des décès, selon un rapport mi-mai des Centres de contrôle et de prévention des maladies américains (CDC). Le técovirimat est autorisé aux États-Unis, en Europe et au Royaume-Uni pour le traitement de mpox, même si l’efficacité n’est pas encore clairement établie.

L’essai Palm007 a inclus 597 adultes et enfants ayant une infection au mpox confirmée en laboratoire (deux sites en RDC). Les patients randomisés dans l’un des deux groupes (técovirimat ou placebo) ont été hospitalisés pendant 14 jours, au cours desquels ils ont été suivis jusqu’à guérison des lésions. L’ensemble des participants ont reçu des soins incluant nutrition, hydratation et traitement des infections secondaires.

Guider la réponse à l’infection mpox en Afrique

Le técovirimat s’est révélé bien toléré sans événements indésirables sévères. Au total, la mortalité était plus faible et les lésions ont disparu plus rapidement qu’attendu quel que soit le groupe. Les patients ont été informés des premiers résultats et il leur a été proposé de participer à l’étude d’extension pour d’autres soins de support médicaux. L’analyse des résultats n’est pas terminée, notamment pour ce qui concerne d’éventuelles différences selon le nombre de jours avec symptômes avant inclusion, la sévérité de la maladie, les caractéristiques des patients ou le variant génétique de mpox.

« L’étude apporte des preuves attendues d’urgence pour guider la réponse au mpox en Afrique centrale, estime le Pr Jean-Jacques Muyembe-Tamfum, directeur de l’INRB, microbiologiste à la faculté de médecine de Kinshasa et co-investigateur principal de l’étude, connu pour être le co-découvreur du virus Ebola. Bien que nous espérions autre chose, les résultats montrent que les cliniciens de l’étude ont prodigué d’exceptionnels soins de support à tous les participants, ce qui témoigne du savoir-faire acquis par les praticiens congolais dans la prise en charge de la maladie liée au mpox ».

Alors que les deux clades circulent dans le monde, d’autres travaux sont en cours sur le técovirimat pour le clade 2, tels que l’essai américain Stomp ou celui dit Unity de l’ANRS-MIE mené en Argentine, Brésil et Suisse.


Source : lequotidiendumedecin.fr