Proposer la prophylaxie pré-exposition (PrEP) à la demande aux hommes britanniques ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes ayant un comportement à haut risque, soit à moins de 5 % des homosexuels du royaume, réduirait d'un quart le nombre annuel de contaminations. Il faudrait par ailleurs moins de 40 ans pour que l'implémentation de la PrEP soit coût efficace.
Telles sont les estimations médico-économiques publiées dans « The Lancet Infectious Disease » qui tablent sur une économie de 1 milliard de livres (1,12 milliard d'euros) en 80 ans grâce à la PrEP.
Génériques et baisse des prix
« Il n'y a plus aucun doute concernant l'efficacité de la PrEP, explique le premier auteur Valentina Cambiano, du University College de Londres en plus de bénéfices en termes de santé publique, notre étude démontre que la PrEP va, à terme réduire les coûts. » Les auteurs ajoutent que l'émergence des médicaments génériques et la baisse des prix pourraient améliorer ce résultat et rendre le programme coût efficace dès la vingtième année.
Au cours de l'étude, les auteurs ont mesuré le coût d'une stratégie basée sur la prise de 2 comprimés avant un rapport sexuel non protégé, puis un nouveau comprimé pour chaque jour supplémentaire au cours duquel une nouvelle relation non protégée a eu lieu. Les auteurs ont employé un modèle mathématique pour comparer 2 scénarios : un scénario selon lequel la PrEP a été introduite entre avril et juin 2016, et un autre où elle n'a pas été introduite.
Près de 40 000 mises sous PrEP prévue en 15 ans
Selon les données épidémiologiques en leur possession, les auteurs ont estimé que 8 400 à 12 200 hommes de 15 à 64 ans auraient été éligibles à la PrEP au Royaume-Uni en 2016. Au cours de la première année de mise en place de la PrEP, le modèle mathématique prédit la mise sous PrEP de 4 000 hommes. Au bout de 5 ans, ce sont 16 600 hommes qui seraient sous PrEP, puis 38 900 au bout de 15 ans. La période de temps moyenne passée sous PrEP étant de 4,5 ans.
Sur une période de 80 ans, environ une infection par le VIH sur 4 pourrait ainsi être prévenue par l'introduction d'un programme de PrEP soit une différence de 44 300 cas entre le scénario avec PrEP à la demande et le scénario sans PrEP (134 600 nouvelles infections contre 178 900).
Dans un commentaire associé, l'économiste de la santé Paul Revill, rattaché à l'université de York estime que « ces résultats sont un appel aux décideurs du NHS pour qu'ils négocient avec les fabricants, obtiennent des prix plus favorables et adoptent une vision à long terme : investir maintenant pour obtenir des gains à long terme ».
Le Royaume-Uni tenté par la PrEP à la française
En France la PrEP est largement disponible en France depuis son remboursement en janvier 2016. Ce n'est pas encore le cas en Angleterre, où l'étude PROUD a pourtant prouvé l'efficacité de la PrEP en continue. L'essai français Ipergay avait lui apporté la démonstration de l'efficacité de la stratégie de la PrEP à la demande, celle décrite dans l'article du « Lancet Infectious Disease », moins coûteuse et suscitant plus facilement l'adhésion des participants.
Afin de trancher entre ces deux philosophies, la sécurité sociale (NHS) va financer une PrEP pour 10 000 patients dans le cadre de l'étude d'implémentation « PrEP IMPACT Trial », au cours de laquelle les participants gays et transgenres se verront proposer l'une ou l'autre des deux approches.
Entre 2012 et 2015, plus de 3 000 nouvelles infections ont lieu au Royaume-Uni.
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