Courrier des lecteurs

Stress

Publié le 10/04/2020

Le « stress », tel qu’abusivement employé comme vocabulaire par les médecins pour désigner un fourre-tout psychologique, visant à regrouper sous un même vocable le pluri-morphisme des entités d’un « mal être », n’est que la perception douloureuse du monde tel qu’il est, confronté avec le monde tel que l’on voudrait qu’il soit.

Considérons nous « stressés » ; cela implique alors deux conclusions : a) Nous percevons le monde tel qu’il est réellement et sommes alors exempts de pathologies psychiatriques. b) Nous sommes, tels des artistes, poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, etc… Capables d’imaginer un monde « meilleur ». Baudelaire, nous laisse le choix ; Enivrez-vous toujours, pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous toujours, de vin, de poésie ou de vertu.

La foi, religieuse, quelque soit son obédience, reprend à son compte, la structure psychologique du « stress » car elle suggère que le monde d’ici bas est inepte à nous fournir à la fois le fait que nous percevons le monde tel qu’il est (car il existe un au-delà, bien meilleur et rédempteur, paradisiaque, vers lequel elle nous exhorte à tendre ) et parce qu’elle impose simultanément à l’artiste, que nous serions devenus pour échapper au b)) un code de fonctionnement pour l’atteindre, un cadre en dehors duquel elle nous stipule que nous serions irrémédiablement damnés.

Le « stress », médicalisé, n’est autre que l’expression d’une structure psychopathologique matinée de religiosité indigne du scientisme, dont se targue, à juste titre, la profession médicale.

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Dr Thierry Deregnaucourt Médecin généraliste, Sailly-en-Ostrevent (62)

Source : Le Quotidien du médecin