LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Depuis 2018, l'essai PREVAC suit, au Mali, Liberia, Sierra Léone et en Guinée, 4 500 volontaires ayant reçu diverses combinaisons des 2 vaccins développés contre Ebola. Dans quelles circonstances a été lancée l'étude PREVAC ?
Pr YAZDAN YAZDANPANAH : En 2015, l'épidémie d'Ebola en Guinée et au Liberia était en train de se finir, mais plusieurs questions se posaient toujours concernant le vaccin VSV Zebov de Merck (désormais autorisé dans plusieurs pays sous le nom d'Ervebo N.D.L.R) dont l’efficacité avait été prouvée par l'essai OMS « Ebola ça suffit ». On ne savait pas du tout quelle pouvait être son efficacité à long terme.
De plus, un certain nombre de populations clés n'étaient présentes que de façon très marginale, les enfants en particulier. C'est la raison pour laquelle nous avons monté cette cohorte de 4 500 volontaires non vaccinés, dont l'âge pouvait descendre jusqu'à 1 an.
L'autre raison d’être de PREVAC est que nous voulions éviter de nous reposer sur un seul vaccin, aussi ont été expérimentés plusieurs schémas vaccinaux combinant Ervebo et l’autre vaccin mis au point par Johnson & Johnson. Nous testons aussi un schéma de 2 injections d’Ervebo espacées de 56 jours afin de voir si cela produit une réaction plus durable.
Une extension de PREVAC, PREVAC-UP, a été annoncée. Qu'est-ce que cela va concrètement changer ?
Nous avions un financement pour assurer un an de suivi seulement. L'extension de 17 millions accordée par la Commission européenne va nous permettre de suivre nos volontaires pendant 5 ans. Je ne sais pas si cette nouvelle durée sera suffisante pour évaluer la durabilité de la réponse immunitaire suite au vaccin, mais cela nous permettra de travailler sur plusieurs autres aspects du problème, à commencer par les effets de la coïnfection.
Des publications ont en effet montré que l'infection par le paludisme a un effet sur la durabilité de l'immunité vaccinale. On va donc évaluer l'impact du paludisme et de différentes autres pathologies infectieuses. Ces données seront utiles pour d'autres vaccins utilisés dans ce contexte africain.
Quand sont attendus les premiers résultats ?
La phase d'inclusion est terminée. Les premières données d'efficacité à un an, sur la base de tests immunologiques, vont être publiées au cours des mois de juin et de septembre. Ces volontaires n'ayant pas été exposés à un risque de contamination, il n'est pas possible de procéder à une évaluation clinique.
Que sait-on aujourd'hui de la sécurité et de l'intérêt des vaccins de Merck et de Johnson & Johnson ?
On sait que le VSV peut être utilisé dans un contexte d'urgence, mais la durabilité de la réponse n'est pas connue. Cela pose problème aux ONG, par exemple, qui ne savent pas s'il est nécessaire de revacciner leurs personnels.
Dans le cadre d'une vaccination en anneau, on ne peut actuellement utiliser qu'Ervebo. Le vaccin de Johnson & Johnson n'ayant pas encore de donnés d'efficacité clinique dans ce contexte. Le laboratoire vient tout juste de monter une cohorte de patients, mais il y a désormais très peu de nouveaux cas en RDC. Le principal problème reste les 2 injections obligatoires qui posent problème dans un contexte d'urgence, même si certains estiment qu'une seule injection suffirait.
Pensez-vous que ce genre de projet peut-être moteur pour améliorer la réponse au risque infectieux en général, au-delà du cas particulier d'Ebola ?
Il faut profiter de ce genre d’opportunité pour former des gens sur place, comme des relais communautaires. Ensuite, ce projet permet d'explorer la question de l'acceptabilité sociale vis-à-vis de la vaccination contre une épidémie qui n'est plus présente. Cela permet aussi de tester l'acceptabilité vis-à-vis de ce genre d'essai clinique.
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