Une douzaine de pays, dont l’Allemagne, la France et l’Italie, ont suspendu par précaution l’utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19. Le Danemark avait été le premier pays à prendre cette décision, le 11 mars, « après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins » chez des personnes vaccinées.
Plus que le nombre, très réduit, de ces potentiels effets indésirables, c’est leur nature inhabituelle qui interroge les spécialistes. « En analysant de nouvelles données, on voit une accumulation frappante d’une forme spécifique de thrombose veineuse cérébrale très rare, en lien avec un déficit de plaquettes sanguines », a expliqué dans un communiqué daté de ce mardi l’institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement allemand. Ce sont ces éléments qui ont poussé l’Allemagne à suspendre à son tour le vaccin d’AstraZeneca par précaution, suivie par la France.
Les thromboses veineuses cérébrales « sont d’une part beaucoup plus rares que les thromboses classiques, et d’autre part potentiellement plus sévères », explique l’infectiologue Odile Launay, membre du comité scientifique sur les vaccins Covid-19.
En outre, plusieurs pays ont fait état de cas d’hémorragies qui peuvent correspondre à « des événements de coagulation intravasculaire disséminée » (CIVD), ajoute la Pr Launay. Il s’agit de « syndromes assez exceptionnels, qui vont se voir dans le cadre de sepsis graves » et peuvent se traduire « à la fois par des thromboses et des hémorragies ». À ce stade, il n’y a aucune preuve d’un lien entre le vaccin et ces événements. C’est ce point que doit éclaircir l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui rendra ses conclusions jeudi 18 mars.
Sept cas sur 1,6 million
« La question est de savoir si ces quelques événements sont au-dessus de l’incidence qu’on a habituellement » dans la population en l’absence de vaccin, souligne la Pr Launay. L’Allemagne a fait état lundi de sept cas de thrombose veineuse cérébrale sur plus de 1,6 million d’injections. « Le risque est très faible », a souligné le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn. « Mais si ces cas devaient être en lien avec la vaccination, il s’agirait d’un risque supérieur à la moyenne. » Le ministère a précisé mardi que, sur une population de 1,6 million de personnes, on devrait statistiquement avoir « environ 1 à 1,4 cas » de thrombose veineuse cérébrale.
Le caractère atypique des événements observés interpelle par ailleurs les spécialistes. « C’est plutôt sur cet aspect-là que sur le nombre qu’il y a aujourd’hui discussion », a noté sur la radio France Inter le « Monsieur vaccins » du gouvernement français, le Pr Alain Fischer. « On reste dans l’exceptionnel, il faut donc vraiment fouiller ces dossiers-là » pour voir s’il existe ou non un lien avec le vaccin, indique le Pr Philippe Nguyen, spécialiste des thromboses au sein de la Société française d’hématologie.
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