Que se passe-t-il pour le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca développé avec l'université d'Oxford ? Après des critiques sur les résultats d'efficacité annoncés, le directeur général du laboratoire britannique AstraZeneca a annoncé jeudi 27 novembre « une étude supplémentaire ».
« Maintenant que nous avons trouvé ce qui semble être une meilleure efficacité, nous devons la valider, donc nous devons faire une étude supplémentaire », a déclaré Pascal Soriot dans une interview à l'agence Bloomberg. Les résultats de cette nouvelle étude internationale « pourraient être plus rapides » à obtenir, « car nous savons que l'efficacité est élevée donc nous avons besoin d'un plus petit nombre de patients », a-t-il précisé.
Manque de transparence
Selon les résultats intermédiaires d'essais cliniques de grande échelle réalisés au Royaume-Uni et au Brésil, le laboratoire britannique avait annoncé lundi 23 novembre que son vaccin était en moyenne efficace à 70 %. Les grands écarts entre les deux schémas testés sont néanmoins surprenants : l'efficacité est de 90 % pour les volontaires qui ont d'abord reçu une demi-dose, puis une dose complète un mois plus tard, mais de seulement 62 % pour un autre groupe, qui a reçu deux doses complètes à un mois d'écart.
L'injection d'une demi-dose serait originellement due à une erreur, ce qui explique que seuls 3 000 patients aient suivi ce protocole. Ce que le groupe pharmaceutique avait omis de préciser lors de l'annonce des résultats. Dans une interview au « Quotidien » mardi 24 novembre, Piero di Lorenzo, patron d'Advent-IRBM, le laboratoire italien partenaire du vaccin européen, n'en avait soufflé mot. « Normalement, plusieurs schémas sont toujours testés sur plusieurs groupes », avait sobrement expliqué le P-DG italien en ajoutant même : « Nous avons voulu jouer cartes sur table et expliquer toute la procédure en dévoilant tous les résultats obtenus au niveau des différents schémas, même les moins efficaces. »
Pour plusieurs experts cités par le « New York Times », ce manque de rigueur et de transparence pourrait conduire les autorités réglementaires à ne pas accorder au vaccin d’autorisation d’utilisation d’urgence. Un avis aussitôt contrecarré par le directeur général du groupe pharmaceutique, pour lequel ces procédures ne devraient pas retarder l'approbation des régulateurs dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, même si le feu vert des autorités américaines pourrait prendre plus de temps.
Tester le schéma à demi-dose chez les sujets âgés
Mais les critiques quant à la taille du groupe testé et le fait que ce résultat soit dû à une erreur n'ont pas tardé à se faire entendre. Moncef Slaoui, le chef scientifique de l'opération Warp Speed, montée par le gouvernement de Donald Trump pour soutenir le développement et la distribution des vaccins, a par ailleurs précisé que la cohorte avec la demi-dose avait un âge limite de 55 ans, excluant ainsi les groupes plus à risque. La nouvelle étude sera donc chargée d'évaluer l'efficacité du vaccin à ce dosage plus faible, y compris chez les sujets âgés.
Pour l'instant moins probant que celui de Pfizer/BioNTech ou de Moderna, il n'en reste pas moins que le vaccin d’AstraZeneca présente plusieurs avantages de taille : une technologie plus traditionnelle que ces deux concurrents, un coût moindre et un stockage plus facile puisqu'il peut être conservé dans des réfrigérateurs et non à très basse température. Lundi 23 novembre, AstraZeneca avait dit avancer rapidement dans la fabrication prévue de 3 milliards de doses, qui seront disponibles en 2021. À titre de comparaison, Pfizer et son partenaire BioNTech ont annoncé 1,3 milliard de doses d'ici fin 2021.
Avec AFP
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