Un habitant de Magdebourg, en Allemagne, a décidé « pour des raisons privées », de se faire vacciner 217 fois contre le Covid-19 sur une période de 27 mois. Ce cas d’hypervaccination, qui défie toutes les recommandations en vigueur, n’est pas qu’une simple anecdote à partager en salle de repos, il s’agit aussi d’une occasion unique d’étudier la réaction du système immunitaire à une présentation en continu des antigènes du Sars-CoV-2.
Alertés par voie de presse, les médecins de l’institut de microbiologie clinique, d’immunologie et d’hygiène d’Erlangen ont saisi cette opportunité. Dans une lettre adressée au Lancet Infectious Diseases, ils détaillent les conclusions de leurs investigations : la vaccination répétée, même dans de telles proportions, n’a été associée à aucun effet indésirable notable, et chaque nouvelle dose a réaugmenté l’immunogénicité dans des proportions similaires.
Tests antigéniques à gogo
Les chercheurs ont pu retrouver les traces de 134 vaccinations documentées par le procureur général de Magdebourg (qui avait ouvert une enquête sur ce cas hors norme) sur une période de 9 mois, sur les 217 revendiquées par ce patient âgé de 62 ans. Les auteurs ont soumis le patient à des examens et n’ont constaté aucune anomalie (sur 62 variables biologiques), qui serait attribuable à l’état d’hypervaccination. Au cours de la même période, le patient avait procédé à un nombre proprement astronomique de tests antigéniques qui se sont tous révélés négatifs. Dans certains cas, les échantillons sanguins avaient été congelés, autorisant les chercheurs à retracer l’évolution des différentes composantes de sa réponse immunitaire.
La concentration sanguine en immunoglobulines dirigées contre la protéine Spike a été mesurée juste avant la 214e vaccination, puis de nouveaux trois jours après, et comparée aux concentrations moyennes relevées dans une cohorte contrôle de 29 personnes ayant reçu une troisième dose de vaccin ARNm. Les concentrations en anticorps étaient plus élevées chez le patient hypervacciné, avant et après sa 214e vaccination (sa capacité de neutralisation était 5,4 fois plus élevée contre la souche de Wuhan, et 11,5 fois contre Omicron B1.1.529), mais la cinétique était similaire à celle observée dans le groupe contrôle. Contrairement aux patients du groupe contrôle, on retrouvait des immunoglobulines jusque dans la salive de ce patient multivacciné.
Ce cas clinique ne confirme pas l’idée selon laquelle une immunisation trop répétée finirait par perdre de son efficacité. Même la 217e dose, délivrée au cours de l’étude, a eu un effet mesurable sur l’immunogénicité.
Une réponse immunitaire très similaire
Les chercheurs ont également regardé la manière dont ces vaccinations à répétition influencent la nature même de la réponse immunitaire. Il avait en effet été suggéré qu’une sous-classe d’immunoglobulines, les IgG4 serait plus fréquente en cas d’expositions répétées au virus ou au vaccin. Chez le patient multivacciné, la part relative des IgG4 n’était pas différente de celle constatée dans le groupe témoin. En revanche, la concentration en lymphocytes B mémoires dirigés contre la Spike était légèrement plus élevée chez le patient multivacciné.
« Dans le cas d’infections chroniques par le VIH ou par le virus de l’hépatite B, les patients souffrent de flambées infectieuses, explique le Dr Kilian Schobe qui a codirigé l’étude. Cela est lié au fait que les lymphocytes T sont épuisés par l’exposition chronique au pathogène et le manifestent en relâchant moins de messagers pro-inflammatoires. » Une analyse approfondie n’a rien observé de tel chez le patient multivacciné. « Dans l’ensemble, nous n’avons pas retrouvé de signe d’un affaiblissement du système immunitaire du patient, ce serait même plutôt le contraire », affirme le Dr Schober. Des tests complémentaires n’ont pas non plus révélé de modification notable de l’efficacité du système immunitaire contre d’autres pathogènes.
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