Un an après l'annonce d'un possible second cas de rémission prolongée d'un patient infecté par le VIH, le désormais célèbre « patient de Londres », les données de suivi à long terme communiquées ce mardi 10 mars à la conférence sur les rétrovirus et les maladies opportunistes (CROI) confirme l'absence de virus chez ce patient.
À l'image du « patient de Berlin », Timothy Brown, le « patient de Londres » a bénéficié d'une greffe de cellules souches hématopoïétiques provenant d'un donneur muté pour le récepteur CCR5 (mutation CCR5Δ32Δ32), après une chimiothérapie myéloablative. Ce traitement a été décidé dans le cadre de la prise en charge d'un lymphome de Hodgkin réfractaire (stade IVb). Deux ans et demi après cette greffe (30 mois de suivi), la charge virale est toujours indétectable, aussi bien dans son sang, que dans les tissus lymphatiques, gastro-intestinaux ou encore dans son sperme ; bien que le patient n'ait pas repris son traitement antirétroviral.
Selon la présentation des résultats faite par le Pr Ravindra Kumar Gupta de l'université de Cambridge publiée dans le « Lancet HIV », des fragments de l'ADN viral intégré au génome du patient restent détectables. Ces traces sont qualifiées de « fossiles » car la capacité à permettre la production de nouveau virus est « improbable ». Par ailleurs, le décompte de CD4 était également normal (430 cellules par µl), ce qui indique la greffe a correctement fonctionné.
Si le patient de Londres semble confirmer la possibilité de « guérir » de l'infection par le VIH, le traitement employé n'est pas reproductible à grande échelle. Il s'agit du 36e participant à la cohorte IciStem, qui regroupe 45 patients séropositifs atteints d'un cancer hématologique (39 greffés et 26 vivants). Le patient de Londres est, à ce jour, le seul à être en rémission prolongée, tous les autres ont vu leur charge virale redevenir détectable.
Une seule greffe suffit
« Il est important de noter qu'il s'agit d'un traitement à haut risque, à utiliser en dernier recours chez des patients qui souffrent également de cancer hématologique », ajoute le Pr Gupta. Néanmoins, ce deuxième patient « guéri » a bénéficié d'un traitement anticancéreux moins agressif que le patient de Berlin : une seule greffe (au lieu de 2) et sans irradiation adjuvante. Pour les auteurs, cela permet d'écarter l'idée selon laquelle il faut procéder à au moins 2 greffes pour espérer une rémission.
Certains chercheurs évoquent déjà la possibilité d'une thérapie génique consistant à introduire un gène codant une version modifiée de CCR5, ce qui soulève toutefois « de nombreuses questions éthiques et techniques », estiment les auteurs.
Dans un commentaire associé à la publication du « Lancet HIV », le Pr Sharon Lewin, de l'université de Melbourne tempère toutefois le constat : « Compte tenu du grand nombre de cellules testées et l'absence de virus intact, est-ce que le patient est véritablement guéri ? Ces données additionnelles de suivi sont certainement encourageantes, mais malheureusement, seul le temps pourra nous le dire. »
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