Créée en 1820 par Louis XVIII, l'Académie de médecine souffle cette année ses deux cents bougies. Lors de la séance inaugurale du bicentenaire, son nouveau président, le Pr Jean-François Matteï, a attiré l'attention des académiciens sur l'impact de l'intelligence artificielle sur la pratique médicale.
« Dans quelle mesure l’importance et la rapidité des avancées scientifiques sont-elles toujours compatibles avec l’existence de la médecine humaniste ? », a déclaré l'ancien ministre de la Santé de Jacques Chirac, devant une assemblée attentive. Pour le Pr Matteï, la médecine de la personne est aujourd'hui mise à l’épreuve par l’intelligence artificielle (IA), considérée comme l’innovation « qui pourrait plus que toutes les autres provoquer une véritable rupture ».
Mais si « la machine est nécessaire pour assurer l’universalité des connaissances et effacer l’insuffisance des médecins, confrontés au savoir encyclopédique, toujours croissant », elle n'est pas dotée de conscience, de subjectivité, ni d’autonomie de décision. « Les données objectives dominées par l’intelligence artificielle avec ses algorithmes sont importantes mais non exclusives car ne disent rien de précis sur ce qu’est un bon jugement clinique […]. En aucune façon, l’intelligence artificielle ne peut remplacer la relation humaine entre le médecin et le patient. Elle constituera une aide précieuse dans les pathologies dont le médecin a peu l'expérience mais in fine, c’est bien le médecin qui sera seul à proposer la décision », a martelé le pédiatre.
Pour autant, l'utilisation de l'IA et des algorithmes doit-elle être contrôlée, a précisé le professeur émérite de génétique. « Nous nous retrouvons dans la même situation que pour les médicaments, il y a trente ans ». Pour veiller à ce que les effets bénéfiques de l'IA et des algorithmes soient supérieurs aux effets nocifs, le président de l'Académie de médecine propose de créer une agence de sécurité des algorithmes, calquée sur le modèle des médicaments. Cette disposition pourrait trouver sa place dans le projet de loi de bioéthique, soumis actuellement au vote du Parlement.
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