Véronique Azemar, médecin du travail chef du service santé, sécurité au travail de la MSA Ile-de-France, assure la surveillance de 55 000 salariés mais garde une main sur le terrain et s’accorde une visite par semaine malgré ses responsabilités managériales.
Elle pilote un escadron de 40 médecins, infirmières, conseillers prévention, administratifs... pour assurer cette surveillance auxquels s’ajoutent quelques milliers de travailleurs indépendants peu assidus aux visites. Spécialiste en angiologie, Véronique Azemar a géré l’assurance qualité d’un laboratoire d’analyses médicales avant d’être attirée par ce qu’elle appelle « l’esprit-entreprise ». Adepte d’une organisation bien rythmée, elle participe à de multiples réunions avec les DRH, au ministère de l’Agriculture et à la Direction régionale du travail, et coordonne le matin les visites médicales programmées, indispensables avant une embauche.
Ouvrir l’œil pour éviter les AT
Les actions de terrain ont plutôt lieu l’après-midi. Il s’agit de réunions, puisque la MSA participe à 120 CHSCT, mais aussi de visites d’entreprises qui affichent un taux inquiétant d’accidents du travail. Au moins 5 personnes ont perdu la vie au travail l’an dernier affirme la MSA. Des accidents principalement dus aux machinisme et chutes de hauteur.
L’an dernier, le service du Dr Azemar a enregistré 4 953 accidents du travail en île de France. Un chiffre qui ne fléchit pas d’année en année – c’est le cas également au niveau national, avec près de 102 000 accidents du travail déclaré à la MSA en 2014, et autant de visites obligatoires devant les médecins du travail dans les huit jours suivants la reprise.
Un niveau de risque particulièrement important à la MSA qui couvre des catégories socioprofessionnelles un peu particulières. « Pour apprécier l’exposition au risque, étudier sérieusement les aménagements de poste, les inaptitudes et proposer des reclassements réalistes, nous entrons dans les entreprises », poursuit la médecin-chef, dont une partie de l’équipe est à tour de rôle en déplacement sur le terrain.
Au cœur de la crise
« Au jour le jour, les CHSCT et les études de poste sont des actions programmées ; cette étude des conditions de travail nous amène à suivre scrupuleusement l’évolution de la législation et de la réglementation. C’est notre priorité et dans ce domaine aussi, tout va très vite », insiste Véronique Azemar qui met tout en œuvre pour que les chefs d’entreprise ne se retrouvent pas non plus dans une situation délétère.
Aucune journée ne se ressemble. « Lorsqu’une personne en une situation désespérée se montre très menaçante sur son lieu de travail, nous tentons d’établir le contact avec elle pour désamorcer la situation et faisons parallèlement intervenir les services d’urgence en appelant les pompiers et en contactant le médecin traitant. Notre objectif est aussi de proposer à cette personne un rendez-vous le plus tôt possible pour faire le point », explique le Dr Azemar. Des cas extrêmes, qui conduisent les médecins du travail à prendre aussi en charge les collègues et l’ensemble de l’équipe. « Il y a autant de conflits entre patrons et salariés qu’entre les salariés eux-mêmes. Notre approche très fine de ces situations permet d’être à l’écoute des uns et des autres. Pour dénouer une situation, il faut comprendre tous les aspects du problème et le médecin du travail n’est pas un médiateur. Nous restons des conseillers en alerte sur les situations de souffrance. C’est une approche collective sur l’organisation du travail pour que tout le monde soit mieux. Dans le contexte économique actuel et la multiplication des affaires prud’homales, le médecin du travail doit rester à sa place, car c’est à l’employeur de prendre de sages décisions », conclut Véronique Azemar.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024