Les médecins généralistes sont plébiscités par les quadras et plus. C’est ce que révèle une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministère de la Santé) menée entre août et décembre 2023, auprès d’un échantillon de 15 000 patients de 45 ans ou plus, ayant déclaré un médecin traitant et l’ayant consulté au moins une fois au cours des six derniers mois. Ce travail constitue le volet français de l’enquête internationale de l’OCDE, baptisée « PaRIS » sur l’expérience des patients (Patient Reported Indicator Survey).
Sans surprise, on y apprend que les médecins de famille sont les « premiers interlocuteurs » des patients de 45 ans ou plus. Fin 2023, 77 % d’entre eux avaient l’habitude de consulter un seul et même omnipraticien pour la plupart de leurs problèmes de santé. « Il s’agit du même médecin depuis plus de dix ans pour la moitié d’entre eux, tandis qu’un patient sur dix le consulte depuis moins d’un an », précise l’enquête.
À noter toutefois que 16 % des patients déclarent consulter plusieurs professionnels de santé. La faute à la désertification médicale qui complique l’accès au médecin traitant ? Peut-être. Mais selon la Drees, le nombre d’interlocuteurs des patients varie surtout selon leur état de santé : « 30 % des patients se considérant en mauvaise santé déclarent être pris en charge par plusieurs professionnels de santé, contre 10 % de ceux jugeant leur santé excellente », précise la direction statistique.
Au moins quatre fois par an
En moyenne, la moitié des patients de 45 ans ou plus ayant l’habitude de recourir à un seul et même praticien déclarent l’avoir consulté « au moins quatre fois » au cours des douze derniers mois. Mais « un moins bon état de santé augmente, en moyenne, ce nombre de consultations dans l’année, souligne la Drees. À état de santé donné, les femmes déclarent davantage de consultations, de même que les patients au plus faible niveau de vie ou encore les patients résidant dans une commune où l’offre de soins de médecin généraliste est plus élevée ».
Si les généralistes traitants sont naturellement en première ligne pour la prévention ou des nouveaux problèmes de santé, l’étude révèle qu’ils sont sollicités dans plus d’un cas sur deux pour un problème de longue durée « qu’il s’agisse de soins courants (48 %) ou ponctuels (10 %) », ce qui souligne leur rôle de suivi au long cours des patients de plus de 45 ans.
Le délai d’attente, un problème à relativiser
Plus étonnant dans un contexte de désertification médicale, et à rebours de certaines idées reçues, 87 % des patients de ce panel considèrent que le délai d’attente pour leur dernière consultation de médecine générale n’a pas été vraiment un problème. Une forme de pragmatisme, voire de fatalisme ? « Près de la moitié des patients ont déclaré que leur dernière consultation, lorsqu’elle était avec un médecin généraliste, s’est déroulée entre deux et sept jours après la prise de rendez-vous, précise la Drees. Pour 28 % des patients, cette dernière consultation a eu lieu le jour même de la prise de rendez-vous ou le lendemain. À l’inverse, dans 27 % des cas, le délai a été supérieur à une semaine ».
Or, même quand ils existent, ces délais ne semblent pas forcément subis, d’autant qu’ils sont variables. Pour un premier contact lié à un nouveau problème de santé, la consultation médicale a lieu jour même ou le lendemain dans la moitié des cas ; tandis que pour des soins courants liés à un problème de santé de longue durée, ce délai rapide n’est observé que dans un quart des cas.
Seuls 5 % des patients font état d’expériences négatives avec leur médecin traitant
Dans ce contexte, l’immense majorité des patients (83 %) ont « absolument confiance » en leur médecin généraliste et sont satisfaits de leur prise en charge. « La quasi-totalité des patients (95 %) trouvent que le médecin a passé assez de temps avec eux lors de leur dernière consultation. Cette part décroît toutefois légèrement avec l’état de santé déclaré », affirme la Drees. Globalement, seuls 1 % des patients ont jugé leur dernière consultation comme « de mauvaise qualité », 23 % d’assez bonne ou bonne qualité, et 75 % de très bonne ou d’excellente qualité.
Petit bémol, 79 % des patients ont trouvé que les explications du généraliste étaient faciles à comprendre et 18 % « plutôt faciles ». Logiquement, la part des personnes ayant trouvé les explications difficiles à comprendre se révèle plus élevée parmi ceux estimant que le médecin ne leur a pas consacré assez de temps.
Restent toutefois une petite minorité de patients (5 %) qui, dans cette enquête, font état d’expériences négatives répétées avec leur médecin traitant au cours des douze derniers mois, comme un rendez-vous réalisé trop tard, une erreur de diagnostic ou de traitement ou encore une mauvaise communication entre professionnels de santé.
Le partage des informations de santé pourrait aussi être un peu plus fluide. Aussi, « un quart des patients déclarent avoir dû répéter au moins une fois des informations qui auraient dû se trouver dans leur dossier médical à leur médecin traitant durant cette période », précise la Drees. L’appropriation progressive de la plateforme Mon espace santé par les professionnels comme par les patients pourrait toutefois y remédier.
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