Près d'un Français sur deux (48,7 %) est concerné par le surpoids ou l'obésité et 18,1 % vivent désormais avec une obésité : soit près de 10 millions de personnes (contre 8,5 millions en 2020). Si la prévalence du surpoids reste relativement stable entre 2020 (30,3 %) et 2024 (30,8 %), celle de l'obésité est en constante augmentation. C'est ce que révèle l'enquête 2024 de l’Observatoire français d’épidémiologie de l’obésité (Oféo)* lancée par la Ligue nationale contre l’obésité (LCO)** auprès d'un échantillon représentatif de personnes âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine et en outre-mer.
La région Hauts-de-France reste la plus impactée en métropole (plus de 22 % d'obésité), suivie de près par le Centre-Val de Loire, qui a connu une augmentation significative de la prévalence de l'obésité (de 18,5% en 2020 à 21,6% en 2024). Même tendance pour les Pays de la Loire sur la période (14,4 % versus 17,7 %) et la Nouvelle-Aquitaine (16,6% en 2020 contre 19,8% en 2024). La situation s'est légèrement dégradée en Normandie (19,8 en 2020 contre 20,2% en 2024), en Provence-Alpes-Côte d'Azur (15,9 % versus 16,8 %) et en Île-de-France (14,2 % contre 15,6 %).
À l’inverse, d'autres régions ont connu une diminution de l'obésité ces quatre dernières années. C'est notamment le cas de la région Grand-Est (20,2% en 2020 contre 19,2% en 2024) ou en Bourgogne-Franche- Comté (18,8 % versus 17,4 %). Les raisons de ces variations régionales de la prévalence depuis 2020 restent mal connues. Si l'obésité sévère a légèrement augmenté (20% en 2020 versus 21% en 2024), l'obésité massive est restée stable (31 %), « notamment grâce à l'efficacité de la chirurgie bariatrique associée à un suivi pluridisciplinaire à vie du patient », souligne le Pr David Nocca, chef de l'unité de chirurgie bariatrique au CHU de Montpellier, fondateur de la LCO.
Plus d'obésité en outre-mer et chez les 55-64 ans
Cette année, l'étude Oféo a intégré les Drom-COM : 22,4 % des habitants y sont atteints d'obésité, bien plus qu'en métropole. « La situation dans les Drom-COM est particulièrement préoccupante », souligne la Dr Annick Fontbonne, chercheuse à l'Inserm. « La prévalence de cette maladie chronique, dans ces régions, s'explique notamment par l'environnement obésogène (consommation importante d'aliments hypercaloriques, transformés, faible taux d'activité physique, sédentarité…), mais aussi par des prédispositions génétiques », précise-t-elle. L'enquête a également étudié de près la prévalence du surpoids et de l'obésité chez les seniors. Si cette dernière augmente avec l'âge, atteignant un pic chez les 55-64 ans (56,8 %), elle diminue légèrement chez les plus âgés (56,1 % chez les 65 ans et plus).
Quant à l'obésité seule, elle atteint 20 % chez les 65-69 ans et 14 % chez les 80 ans et plus. « La baisse de l'obésité après 65 ans montre que de plus en plus de personnes meurent prématurément en raison de cette maladie chronique et de ses comorbidités. Dans cette population, nous devons être particulièrement vigilants quant aux problématiques liées à la fonte musculaire et à la dénutrition. Des actions préventives chez les jeunes seniors, sont nécessaires pour éviter les complications de l'obésité : maladies chroniques, sarcopénie… », assure la Pr Agathe Raynaud-Simon, cheffe du département de gériatrie Bichat, Beaujon et Ambulatoire Bretonneau à Paris.
Les foyers défavorisés, davantage concernés
Tous âges confondus, l'obésité reste, plus que jamais, un marqueur social : 21 % des ouvriers sont concernés contre 13 % de cadres. Cette maladie chronique touche un quart des foyers ayant des difficultés économiques contre 14 % des foyers « à l'aise ». Quelque 36 % des personnes en obésité souffrent d'hypertension artérielle, 17 % de diabète et 20 % d'apnées du sommeil.
« Des actions d'éducation à la santé doivent être menées dès l'école primaire pour sensibiliser les enfants et leurs familles aux comportements bénéfiques pour la santé. La prévention devra s'intensifier pour réduire l'obésité dans les années à venir », insiste Marion Sarroca, directrice générale de la LCO. Au niveau mondial, plus d'un milliard de personnes sont touchées par l'obésité. Depuis 1990, cette maladie chronique a doublé chez les adultes et quadruplé chez les enfants et adolescents âgés de 5 à 19 ans.
*L'étude Oféo/Odoxa a été menée auprès de 10 410 adultes, dont 3 125 personnes en surpoids et 1 842 en situation d'obésité ; 2 644 Français étaient âgés de 65 ans et plus.
**Ligue contre l’obésité
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