Avec les fortes chaleurs, l'été 2018 a vu les noyades accidentelles augmenter de 30 % par rapport à 2015 (1 649 noyades accidentelles, soit 12 par jour) ; 25 % ont eu une évolution fatale.
En réaction, les autorités ont lancé une grande campagne de prévention, appelant les Français à apprendre à nager, à choisir les zones de baignade surveillées, à tenir compte de son état de forme, et à surveiller les enfants. « Deux populations sont particulièrement à risque : les petits de moins de six ans, qu'il ne faut pas quitter des yeux, et les plus de 65 ans », rappelle le Pr Pierre Michelet, chef du service des urgences de La Timone, Marseille (AP-HM). Chez ces derniers, les risques sont d'autant plus grands qu'ils présentent une maladie chronique cardiovasculaire ou respiratoire, ou qu'ils sont sous traitement médicamenteux. Quel que soit l'âge, il est conseillé de se mettre dans l'eau progressivement pour éviter le coup de chaleur, malproprement appelé hydrocution, qui peut survenir lors d'un trop grand différentiel entre la température du corps et celle de l'eau.
La noyade se définit comme une insuffisance respiratoire aiguë, à la suite d'une submersion ou d'une immersion dans un milieu liquide. « On distingue quatre stades de noyades », indique le Capitaine Christophe Chapuis, médecin urgentiste et sapeur-pompier professionnel à Montpellier. Le premier est l'aquastress : « la victime fait le bouchon dans l'eau, s'affole. Cela entraîne un épuisement, de l'angoisse, des frissons. Mais elle n'inhale pas d'eau. La prise en charge consiste à réchauffer et réconforter la personne, et si elle se sent gênée pour respirer, la mettre sous oxygène », explique le Dr Chapuis.
La petite hypoxie
Au deuxième stade, celui de la petite hypoxie, la victime a inhalé de l'eau ; « il y a une détresse respiratoire, elle peut tousser de l'écume blanchâtre. Il faut alors prendre en charge l'hypothermie et la détresse respiratoire, poursuit le Dr Chapuis. Au troisième stade, de grande hypoxie, la victime a du mal à se débattre et inhale beaucoup d'eau. La détresse respiratoire est aiguë et la personne peut être inconsciente. Il faut aspirer les voies aériennes, mettre de l'oxygène et prendre en charge l'état de conscience ».
Enfin, lorsque la victime présente un arrêt cardiorespiratoire (quatrième stade), il faut pratiquer avant tout 5 insufflations puis alterner 30 massages cardiaques externes et deux insufflations à un rythme de 120 par minute et chercher le défibrillateur le plus proche.
Les médecins insistent sur l'importance de prévenir les secours au plus vite, car une prise en charge médicalisée précoce permet d'avoir un taux de récupération optimal. Y compris lorsqu'un enfant ayant bu la tasse ne recouvre pas son état normal au bout de quelques minutes - afin d'éviter ce qu'un buzz médiatique appelle « une noyade sèche », qui est en réalité une vraie noyade dont les signes ont été mal interprétés.
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