Ce n’est pas en tant que « première femme présidente de l’Académie de médecine » que la Pr Catherine Barthélémy compte imprimer sa marque à la tête de la vénérable institution, mais bien en tant que pédopsychiatre et chercheuse en neuropsychologie. À l’époque où elle défendait une vision de l’autisme causée par un trouble cérébral objectivé par l’électroencéphalogramme et non pas par la mauvaise qualité de la relation entre la mère et l’enfant, la Pr Barthélémy avait fait face à des réactions outrées « totalement en décalage avec la réalité internationale », se souvient-elle.
La nouvelle présidente de l’Académie de médecine aura à cœur de mettre en avant les connaissances les plus à jour de sa spécialité, notamment lors d’une grande séance organisée le 27 février prochain sur le thème du neurodéveloppement. Au programme : conditions de survie du nouveau-né prématuré, développement synaptique, développement du langage, etc.
Une défenseuse de la pédopsychiatrie
D’un point de vue politique de santé aussi, la Pr Barthélémy n’hésite pas non plus à se positionner : « la psychiatrie et la pédopsychiatrie sont dans un état de souffrance inouïe, s’alarme-t-elle. Les conditions d’exercice sont tellement dures, et les médecins tellement surmenés que nous décourageons tous les candidats intéressés par ces spécialités. Nous n’avons pas assez de spécialistes, et pas assez de lits pour mettre les enfants à l’abri ! ». Un rapport de l’Académie sur la maltraitance doit prochainement être publié. Il dressera un état des lieux du secteur de la pédopsychiatrie en France.
La toute nouvelle présidente se réjouit toutefois de l’annonce du président Emmanuel Macron, le 13 décembre dernier, sur le financement de la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement, à hauteur de 680 millions d’euros pour les cinq prochaines années.
La Pr Barthélémy veut aussi défendre la protection maternelle infantile (PMI), « il y a un tout un système accessible et gratuit, où j’ai moi-même travaillé en tant que médecin, où nous pouvions faire de l’éducation, se souvient-elle. Il faut le sauvegarder. Il y a aussi d’énormes chantiers à mener sur les questions de scolarisation et d'acceptabilité réciproque de ces patients dans la société et au travail. »
2024, année de la vaccination
Parmi les axes importants de sa présidence, la Pr Barthélémy met aussi en avant la question de la vaccination, à laquelle l’Académie a prévu de consacrer une grande partie de ses séances en 2024. « En France, la vaccination des seniors est un vrai problème, abonde le Pr Yvon Lebranchu, trésorier de l’Académie. La vaccination est très bien structurée chez les nourrissons, mais il n’y a pas de stratégie chez les plus âgés. Résultat : moins de 3 % sont vaccinés contre le pneumocoque, et moins de 3 % le sont contre le zona. » Un rapport récent de l'Académie dénonçait déjà cette situation.
L’Académie a également pris position en faveur d’un rattrapage de la vaccination contre le papillomavirus jusqu’à 26 ans. « Il faut sortir du paradigme de la vaccination avant le premier contact sexuel », affirme le Pr Lebranchu. Plusieurs séances seront consacrées dès le printemps aux enjeux économiques de la vaccination, à l'hésitation vaccinale et à l’obligation vaccinale pour les soignants.
« Nous avons des partenaires académiques aux États-Unis et en Europe avec qui nous allons lutter conjointement contre la désinformation et pour la disponibilité des vaccins », promet pour sa part le Pr Lebranchu.
Autre sujet auquel elle est attachée : le rapprochement entre l’Académie avec les associations de patients dont, bien sûr, la psychiatrie de l’enfant. Enfin, en cette année de Jeux olympiques, la Pr Barthélémy veut aussi imposer la thématique du rôle du sport dans la santé et la prévention. « Nous allons communiquer sur ce thème, et nous voulons aussi produire des travaux sur la santé des grands sportifs », prévoit-elle.
L’Académie rajeunit son fonctionnement
Des modifications du fonctionnement interne de l’Académie de médecine sont également à l’ordre du jour, avec la création de cellules de réflexion permanentes sur des thèmes transversaux : l’organisation des soins, l’évolution de la formation médicale et la recherche biomédicale. Leur but sera de mener un travail en amont qui sera utilisable pour répondre à l’actualité et communiquer rapidement sur un sujet précis.
Enfin, un collège externe de jeunes médecins non-académiciens sera créé pour informer et conseiller sur les problématiques actuelles de l’exercice.
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