« Le Covid-19 monopolise tout et c’est normal. Mais il y a aussi de très nombreux malades qui n’ont pas le coronavirus, n’en faisons pas de victimes collatérales », alerte le Dr Jean-Baptiste Blanc, généraliste à Paris.
Avec quelques confrères, le médecin souhaite inciter « généralistes, spécialistes, pédiatres, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens… » à signer une lettre pour alerter l’opinion publique et les autorités sanitaires sur les risques de perte de chance des patients non Covid-19.
« Les patients pensent que l’ensemble des soignants est mobilisé par le virus. Ils n’osent plus consulter et appeler. Or il y a un risque pour les patients souffrant de pathologies chroniques, le suivi des nourrissons ou pour ceux qui attendraient trop longtemps avant de consulter », confie-t-il au « Quotidien ».
Le médecin cite le cas d’un malade avec des douleurs thoraciques qui n’osait pas déranger et qui est décédé en 24 heures ou encore des cas de coliques néphrétiques, d’appendicites où les malades se soignent avec du Doliprane pour ne pas déranger. « Ne pas consulter quand cela est nécessaire c’est prendre le risque de laisser se développer un problème qui sera beaucoup plus difficile à traiter plus tard. Ou pire », répète-t-il. « Vous ne nous dérangez pas. Nous sommes disponibles », insiste-t-il.
Dommages COLLATÉRAUX : il est PLUS QUE temps d’alerter l’opinion.
— Jean-Baptiste Blanc (@Dr_JB_Blanc) April 2, 2020
Avec l’aide de quelques confrères j’ai préparé un texte d’alerte.
Si nous sommes très nombreux, MG, IDE, pédiatres, sages femmes, pharmaciens.... à le signer cela sera peut-être entendu. Comment faire ? THREAD
Le CMG et les syndicats libéraux sur la même ligne
À travers cette initiative qui a déjà fait réagir les réseaux sociaux, le Dr Blanc espère être entendu.« Ce serait important que l’État refasse une communication auprès de la population. Les patients ne doivent pas hésiter à appeler leurs médecins qui se sont tous organisés pour faire des téléconsultations ou les recevoir en toute sécurité dans les cabinets », martèle le généraliste.
Ce cri d’alarme n’est pas le premier. Après le discours du premier ministre le lundi 23 mars demandant aux Français de réserver leurs déplacements médicaux aux soins urgents, le Collège de la médecine générale (CMG) se montre inquiet sur le risque pour les patients de « délaisser les soins de santé primaire, qui regroupent les soins de base et les soins chroniques ». « Il est connu et reconnu que ces soins sont ceux qui ont le plus d’impact sur la mortalité », écrit le CMG, assurant que les médecins de famille ont organisé leurs cabinets « pour offrir les meilleurs soins possible, que ce soit pour gérer les patients suspects de Covid-19 ou les soins courants, malgré la crise sanitaire ».
Plusieurs syndicats de médecins libéraux ont eux aussi tiré le signal d'alarme. « Les messages contradictoires des autorités sanitaires ont ainsi détourné des cabinets médicaux une majorité des patients. Ceci pourrait avoir des conséquences très graves en termes de santé publique dans les semaines qui viennent », peut-on lire sur le site de MG France. De même pour les spécialistes de la CSMF, qui craignent que « ce refus de soins n’ait de lourdes conséquences sur l’état de santé de la population ».
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