L’ENTHOUSIASME dont bénéficie la méditation est-il justifié ? Telle est la question posée par des chercheurs de la John Hopkins University. Pour y répondre, ils ont réalisé une revue de la littérature incluant 47 études cliniques randomisées contrôlées et 3 515 participants. L’équipe de Goyal et coll. est parvenu à démontrer les faibles, sinon nuls, bénéfices de la méditation tous types de pathologies confondues. Dans un éditorial du « JAMA », le Pr Allan H. Goroll, professeur de médecine à l’université de Harvard, commente : « Contrairement aux croyances populaires, les études ont globalement échoué à montrer suffisamment de bénéfices relatifs au soulagement des souffrances et à l’amélioration de l’état de santé global. » La méditation de pleine conscience est la seule à échapper à ces résultats plutôt négatifs.
« Effets modestes » de la pleine conscience
À l’inverse des méthodes moins codifiées (zen, transcendantale, etc.), les études évaluant les programmes de méditation MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) ont fourni des résultats significatifs. Quoique faibles et modérées, les bénéfices de la pleine conscience dans le traitement de la dépression, de l’anxiété, du stress, de la gestion de la douleur et de la qualité de vie sont significatifs. Laissant poindre l’opportunité d’un usage thérapeutique : « Les effets modestes sont comparables à ce que l’on pourrait espérer de l’usage d’un antidépresseur en premier recours, mais sans l’effet toxique associé », reconnaissent les auteurs. Cependant, aucun bénéfice probant n’a été observé sur le sommeil, le poids, l’usage de substances, l’attention et les affects positifs. Les bénéfices ne sont significatifs lorsque la MBSR est comparée à d’autres traitements (Thérapie Cognitive et Comportementale, psychotropes, activité physique, etc.).
Les résultats de Goyal et coll. semblent décevants par rapport aux espoirs suscités même si, selon les auteurs, ils indiquent « que les programmes de méditation peuvent réduire les dimensions négatives du stress psychologique ». Dans son éditorial, le Pr Allan Goroll interroge : « Les bénéfices modestes observés dans l’étude Goyal et coll. amènent à se demander pourquoi, en l’absence de preuve scientifique solide, la méditation est si populaire, qui plus est auprès des personnes influentes et bien éduquées ».
Il exhorte à plus de rigueur dans leurs travaux de recherche. Trop de biais et pas assez de preuves, critiquent les auteurs. Sans compter la trop courte durée des essais, calquée le plus souvent sur une session de MBSR (soit 8 semaines). Alors même que la maîtrise de la méditation requiert du temps et de la pratique. « Une plus longue durée d’étude est nécessaire pour résoudre la question de l’efficacité maximale », réclame le Pr Goroll.
*Goyal M et coll. Meditation Programs for Psychological Stress and Well-being : A Systematic Review and Meta-analysis, JAMA Internal Medicine, publié le 6 janvier 2014
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