Épilepsie : une morbidité et une mortalité accrues durant la grossesse

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Publié le 07/08/2024
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Le risque de mortalité et de morbidité des femmes enceintes épileptiques et de leurs nouveau-nés est très élevé, particulièrement lorsque les mères sont sous antiépileptiques au cours de leur grossesse. Une prise en charge à travers des centres spécialisés est indispensable.

Le risque de morbidité néonatale sévère des enfants de mères épileptiques est 50 % plus élevé

Le risque de morbidité néonatale sévère des enfants de mères épileptiques est 50 % plus élevé
Crédit photo : GARO/PHANIE

Les femmes enceintes épileptiques ont un risque « considérablement plus fort » de pronostic maternel et périnatal sévère et de mortalité pendant la grossesse et le postpartum, d’après une étude publiée dans Jama Neurology. Menée sur plus de 4,5 millions de grossesses de 1997 à 2017, dont 35 000 de femmes épileptiques, la publication évalue que le risque de complications potentiellement fatales est 23 % plus élevé, tandis que celui de décès est multiplié par quatre, soit 2,3 morts par 10 000 grossesses contre 0,4 chez les femmes non épileptiques.

Plus particulièrement, les femmes épileptiques ont un plus haut taux d’évènements cérébrovasculaires (odds ratio ajusté aOR = 5,81), d’embolisme, de coagulation intravasculaire disséminée et de choc (aOR = 1,42), mais aussi de prééclampsie sévère, d’hémolyse, d’enzymes hépatiques élevées et de taux de plaquettes bas (aOR = 1,30).

Les fœtus et les enfants de femmes épileptiques sont aussi touchés. Ils ont un risque plus élevé de 20 % de décès périnatal ou d’être mort-nés et de 50 % de morbidité néonatale sévère en comparaison avec la population générale.

Les antiépileptiques aggravent la morbidité

L’impact des médicaments antiépileptiques sur les malformations fœtales est bien connu, mais quel en est l’effet sur la morbidité et la mortalité ? Les chercheurs ont aussi creusé cet aspect. Ils mettent en lumière que la prise d’un antiépileptique augmente le risque de morbidité maternelle sévère, en comparaison avec les femmes non médicamentées pendant leur grossesse (aOR = 1,24). Elles ont une plus grande probabilité d’avoir une prééclampsie sévère, une hémorragie sévère ou encore des événements cérébrovasculaires. Les antiépileptiques les plus risqués sont le valproate (aOR = 1,67), la carbamazépine (aOR = 1,46) et l’oxcarbazépine (aOR = 1,53). À l’inverse, la lamotrigine et le clonazépam ne montrent pas de surrisque chez la mère (aOR < 1).

Dans l’étude, 46 % des enfants ont été exposés à des antiépileptiques au cours de la grossesse. Leur risque de morbidité sévère à la naissance était plus élevé de 37 % et la mortalité néonatale était plus que doublée (aOR = 2,40) par rapport aux enfants non exposés ; le risque était particulièrement élevé pour le clonazépam, la prégabaline, la gabapentine, le valproate et la carbamazépine en monothérapie et les polythérapies avec du valproate. On compte parmi les morbidités l’encéphalopathie ischémique hypoxique, le syndrome de détresse respiratoire, la septicémie et le traumatisme sévère à la naissance.

Un suivi en clinique spécialisée est nécessaire

La première autrice de l’étude, la Pr Neda Razaz, chercheuse au département de médecine de l’institut Karolinska, tient à rassurer quant aux conclusions de l’étude : « 96 % des femmes épileptiques de notre étude ont eu une grossesse sans aucune complication, avec un pronostic normal. Je ne souhaite pas que nos résultats effraient les femmes qui veulent un enfant », déclare-t-elle dans un communiqué. Et la chercheuse d’ajouter : « Pour de nombreuses femmes, l’arrêt des médicaments lors d’une grossesse n’est pas une option ».

Conclusions à tirer des résultats : la réduction des risques est possible à travers une meilleure prise en charge des mères et des enfants. La Pr Neda Razaz préconise de traiter les femmes épileptiques dans « des cliniques avec une expertise pour optimiser le traitement, avant même qu’elles ne soient enceintes. Ces femmes devraient spécifiquement bénéficier d’un suivi pendant et après la grossesse ».


Source : lequotidiendumedecin.fr