Le football américain, récemment pointé du doigt, n'est pas le seul sport de ballon exposant à un risque accru de troubles cognitifs. Les joueurs de football évoluant en division d'élite ont un surrisque de 50 % de développer une maladie neurodégénérative, comparés à la population générale, selon une étude de cohorte suédoise publiée dans « The Lancet Public Health ».
Au cours des dernières années, le risque de traumatisme crânien est devenu une préoccupation grandissante au sein des fédérations. Certains craignaient que les chocs répétés du ballon sur la boîte crânienne puissent favoriser l'apparition de maladies neurologiques. Et cela d'autant plus qu'une étude écossaise avait déjà démontré une multiplication par 3,5 du risque de maladie neurodégénérative chez des anciens joueurs d'élite.
Risque augmenté de maladie d'Alzheimer
L'étude porte sur plus de 6 000 footballeurs, professionnels ou amateurs (la Suède n'a autorisé la rémunération des joueurs qu'à partir de la fin des années 1960), évoluant en première division entre 1924 et 2019. Ils ont été appariés à plus de 56 000 personnes issues de la population générale, leur correspondant en termes d'âge, de sexe et de région de résidence.
Les joueurs professionnels avaient un risque augmenté de développer une maladie d'Alzheimer : 9 % contre 6 % dans la population générale. En revanche, les footballeurs n'avaient pas de risque augmenté de maladie de la motricité comme la sclérose latérale amyotrophique. De plus, le risque de maladie de Parkinson était inférieur à la moyenne de la population générale.
En meilleure santé générale
Enfin, la mortalité toutes causes des joueurs élites était légèrement inférieure que celle de la population générale : 40 % contre 42 %. Cette différence est, selon les chercheurs, probablement liée à l'alimentation, à la pratique du sport et au meilleur état général des joueurs de football de haut niveau.
Le surrisque de maladies neurologiques était inégalement réparti entre les différents postes : les gardiens de but n'avaient pas de risque significativement augmenté de démence, contrairement aux joueurs de champ, plus exposés aux contacts à la tête avec le ballon.
Le sport a évolué
Ces données sont néanmoins à considérer avec précaution, dans la mesure où les maladies neurodégénératives étaient principalement observées chez des joueurs retraités, qui évoluaient en élite il y a de nombreuses années. Or « les pratiques ont bien changé depuis l'époque amateur », alertent les auteurs. En effet, les ballons sont désormais en matières synthétiques et ne s'alourdissent plus quand ils sont mouillés.
Les entraînements ont été améliorés, de même que les formations des entraîneurs. Plus globalement, les clubs de première division ont adopté un style de jeu basé sur les passes, ce qui réduit le risque de chocs et de traumatismes crâniens. Néanmoins, le Pr Peter Ueda de l'institut Karolinska (Suède) estime que ces données « renforcent l'idée qu'il faut davantage de mesures protectrices vis-à-vis de la santé cérébrale des joueurs de football ».
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?