« NOTRE TRAVAIL, explique Gordon A. Barr (Philadelphie) et coll., pourrait faire comprendre, chez les humains, le fort attachement pathologique que les enfants peuvent avoir pour des parents, même abusifs ». De fait il ne s’agit, pour l’instant, que d’extrapolations de découvertes réalisées chez des bébés rats. Cette recherche pourrait offrir aussi la compréhension des mécanismes neurologiques qui sous-tendent les étapes de transition au cours du développement de l’enfant. Comme le passage de l’allaitement à l’alimentation solide.
Comme point de départ de l’étude américaine, il faut savoir que, tout comme le bébé humain, le bébé rat ressent la présence de sa mère par des stimuli à la fois positifs et négatifs. Mais, jusqu’à une dizaine de jours, même si sa mère est désagréable (bousculades, morsures), le petit rat reste près d’elle. C’est « l’apprentissage de la préférence ». Au plan de l’évolution de l’espèce, ce comportement lui permet de rester en vie. Passé le 10e jour, le jeune vit une phase de transition dite d’« apprentissage de l’aversion ». Capable de mieux se déplacer il cherche à éviter les stimuli désagréables (toujours pour protéger sa survie)… Mais reste sous la protection maternelle.
Une montée de la corticostérone.
Cette phase de transition et, surtout, son mécanisme neurologique intéressent de longue date G.A. Barr et son équipe. Que se passe-t-il au niveau des neurotransmetteurs, tout particulièrement la corticostérone et la dopamine dans l’amygdale? Pour le comprendre ils ont conditionné des rats de 8 jours à associer une nouvelle odeur à un petit choc électrique. Plus tard à l’âge adulte, ce stimulus déclenche une montée de la corticostérone, hormone de stress. Il s’en suit une élévation de la dopamine dans l’amygdale (un des centres de l’apprentissage).
Grâce à des puces à ADN et à la microdialyse permettant, respectivement, d’évaluer l’expression du gène de la dopamine et les taux de l’hormone, l’équipe a pu constater qu’au changement d’« apprentissage » correspondaient des modifications de la dopamine. Ils l’ont vérifié en injectant de la corticostérone à des rats de 8 jours (avant la transition). Alors qu’ils auraient dû être en phase de « préférence » ils évitaient déjà la nouvelle odeur. Ils étaient donc déjà en phase « d’aversion ». Une injection de dopamine directement dans l’amygdale, au même âge a eu la même conséquence. À l’inverse, toujours à 8 jours, le blocage de la dopamine avant l’injection de corticostérone, permettait aux rongeurs de rester au stade « préférence ». La phase de transition est bien sous la régulation de la dopamine.
Nature Neuroscience, publication avancée en ligne, doi:10.1038/nm.2043.
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