La prise d'antalgiques opioïdes n'aurait aucun intérêt pour soulager les patients atteints de douleurs aiguës lombaires ou cervicales, selon les données publiées dans le « Lancet » par les chercheurs de la faculté de médecine de l'université de Sydney.
« Les analgésiques opiacés sont régulièrement prescrits pour soulager les douleurs lombaires ou cervicales, mais les données d'efficacité concernant leur utilisation dans cette indication restent éparses », remarquent les auteurs de cette étude randomisée contre placebo dans 157 services de soins primaires ou d'urgence australiens.
Des douleurs de moins de 12 semaines
Les 347 patients recrutés (dont presque la moitié de femmes) présentaient des douleurs lombaires ou cervicales datant de moins de 12 semaines. Ils ont été aléatoirement répartis entre un groupe où étaient exclus les opioïdes en première intention selon les recommandations australiennes, et un groupe qui recevaient jusqu'à 20 mg d'oxycodone par jour en prise orale.
Les chercheurs indiquent que 19 % des patients du groupe opioïdes et 15 % de ceux du groupe contrôle ont dû arrêter leur traitement ou ont été perdus de vue. Au bout de 6 semaines, le score de douleur (en utilisant le Brief Pain Inventory, une échelle sur 10 points) était de 2,78 dans le groupe opioïdes et de 2,25 dans le groupe contrôle. La différence n'était statistiquement pas significative, pas plus que celle entre les fréquences d'effets indésirables mesurées dans les deux bras de l'étude (35 % dans le groupe traité par opioïdes contre 30 % dans le groupe contrôle).
« Les opioïdes ne doivent pas être prescrits pour des douleurs dorsales aiguës non spécifiques, concluent les auteurs. Ces résultats appellent à changer les habitudes »
Une place qui se réduit dans la pharmacopée
En France, la Haute Autorité de santé a réduit la place des opiacés dans l'indication des douleurs non liées au cancer dans ses dernières recommandations. Ils restent toutefois indiqués dans les lombalgies ou lomboradiculalgies chroniques, l’arthrose, les douleurs neuropathiques et les autres maladies évolutives. En ce qui concerne les douleurs aiguës et sévères, les opioïdes sont recommandés en l'absence d'un traitement étiologique permettant un soulagement rapide de la douleur.
Dans un numéro récent de « Tendances », l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) avait illustré, à l'occasion d'une enquête menée chez 26 généralistes, les difficultés de coordination entre spécialistes et généralistes pour ce qui est de parvenir à déprescrire des antalgiques opioïdes.
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