EN 1904, l’Anglais Charles Spearman conceptualise ce qu’il nomme l’intelligence générale ou « facteur g » en utilisant l’analyse factorielle (méthode de statistique multivariée). Les performances chez un individu sont corrélées pour un ensemble de tâches cognitives. Ainsi, les personnes qui ont de bonnes performances dans une de ces tâches tendent à avoir de bonnes performances dans la plupart d’entre elles, et inversement. Cet effet est capturé par des tests psychométriques comme l’échelle de mesure de l’intelligence de Wechsler chez les adultes (WAIS ou Wechsler Adult Intelligence Scale). C’est l’aspect psychométrique de cognitions dont la variance est partagée au maximum dans une grande variété de tests spécialisés, explorant les différents domaines cognitifs, tels que les aptitudes verbales, les raisonnements spatiaux, la mémoire, etc.
«Il est maintenant acquis que le g de Spearman n’est pas simplement une abstraction statistique, mais correspond à un large panel de capacités cognitives. Il est mis en jeu notamment dans les tâches cognitives non automatiques qui demandent un effort particulier et qui recrutent les capacités de la mémoire de travail », écrivent J. Gläscher et coll.
Le g de Spearman possède à la fois une forte composante héritée et est à l’origine des différences interindividuelles dans les tâches cognitives.
Une cartographie volumétrique.
Quel est le substrat neurobiologique de g, l’intelligence générale ?
J. Gläscher et coll. se sont attelés à ce décryptage, chez 241 patients ayant subi des lésions cérébrales focalisées et ayant des lésions chroniques et stables. Ainsi, ils ont recherché le fondement neuroanatomique de g en réalisant une cartographie volumétrique des lésions basée sur les voxels, une méthode de pointe (VBM ou voxel-based morphometry). Ils ont relié ce qu’ils observent à la réalisation de tâches cognitives de sous-tests de WAIS portant notamment sur les aptitudes verbales, visuo-spatiales et la mémoire de travail, qui sont des aptitudes de premier ordre. Ils soulignent que cette méthode de cartographie des lésions peut identifier des régions de la substance blanche ou grise.
« Nous suggérons que l’intelligence générale se construit sur des connexions entre des régions de traitement verbal, visuo-spatial, de la mémoire de travail et celles qui gèrent les processus d’exécution. »
Les résultats montrent que des associations statistiquement significatives sont trouvées entre g et des dommages portant sur un ensemble de régions distribuées au niveau du cortex frontal et pariétal, ainsi que sur leurs connexions dans la matière blanche.
« Cela comprend des régions liées aux capacités de la mémoire de travail, au traitement des informations verbales et visuo-spatiales, qui dépendent d’un système fronto-pariétal, associé à une composante exécutive traitée par le cortex frontopolaire gauche. »
Raisonnement, abstraction.
Les sous-tests évaluant les connaissances verbales sur le monde, le raisonnement verbal et l’abstraction ainsi que la capacité de la mémoire de travail sont associés à la circonvolution frontale inférieure, au faisceau arqué et au cortex pariétal.
Les faisceaux de substance blanche identifiés dans notre analyse connectent le cortex préfrontal ventrolatéral (VLPFC) et le cortex préfrontal dorsolatéral au cortex pariétal inférieur. Et le cortex pariétal postérieur gauche a été associé au stockage du matériel verbal pour la mémoire de travail.
Deux restrictions sont formulées. « Étant donné que les lésions influant sur g sont situées dans les deux hémisphères, nous nous attendions à ce que les réseaux des commissures soient impliqués. Or ceux-ci sont sous-représentés dans nos échantillons de lésions. » Par ailleurs, le g de Spearman laisse de côté les théories des intelligences multiples et notamment n’incorpore pas les facteurs et aptitudes intuitives et émotionnelles.
Proc Natl Acad Sci USA,
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