Insuffisance rénale chronique : le bénéfice des fruits et légumes et de l’entraînement physique

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Publié le 16/09/2016
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Chez les patients en insuffisance rénale chronique, un bon apport en fruits et légumes améliore sur le long terme la pression artérielle et permet de réduire les doses d’antihypertenseurs, selon une étude randomisée présentée au Congrès Hypertension de l’AHA (Orlando). Une méta-analyse chez les dialysés montre aussi l’intérêt de combiner exercice aérobie et exercice en résistance pour optimiser la pression artérielle.

HTA et acidose métabolique

La diminution progressive de la fonction rénale chez les patients souffrant de néphropathie chronique est responsable de complications, telles que l’hypertension artérielle et l’acidose métabolique, qu’il convient de prévenir ou corriger.
L’acidose métabolique chronique accompagnant l’insuffisance rénale est souvent traitée par un apport oral de bicarbonate de sodium, une option peu coûteuse. Cependant, les fruits et légumes peuvent aussi améliorer l’acidose métabolique et ils peuvent en outre abaisser la pression artérielle.

Goraya et coll. ont conduit une étude randomisée au Texas pour comparer le bicarbonate de sodium, l’apport accru en fruits et légumes, ou l’absence de traitement alcalin, chez 108 patients ayant une maladie rénale chronique de stade 3 (IRC modérée) accompagnée d’une acidose métabolique. Tous les patients (36 par groupe) étaient aussi traités par antihypertenseurs avec pour objectif d’abaisser la TA systolique au-dessous de 130 mmHg.

Des résultats étonnants

Les résultats à long terme sont étonnants. Le groupe fruits et légumes présente 5 ans plus tard une TA systolique plus basse (125 mmHg comparé à 135 mmHg dans les groupes bicarbonate ou sans alcalin), et une prise d’antihypertenseurs à doses plus faibles (diltiazem, clonidine, et atenolol ; sans différence pour l’hydrochlorthiazide). Les auteurs ont ainsi estimé que le coût des médicaments pour contrôler la pression artérielle pendant 5 ans était 2 fois moindre dans le groupe fruits et légumes (80 000 dollars contre 155 000 dollars) que dans le groupe bicarbonate ou le groupe sans prise d’alcalins.
Il convient de noter pour mieux comprendre ces résultats que la consommation de fruits et légumes était plutôt faible dans la population étudiée. « Nous avons procuré aux patients des fruits et légumes pour qu’ils les ajoutent à leur alimentation, ce qui était important car bon nombre d'entre eux vivent dans des lieux où il n’est pas facile d’en trouver, explique le Dr Nimrit Goraya. À long terme, l’ajout de 3 à 4 portions de fruits et légumes à l’alimentation abaisse la TA et permet aux patients de prendre moins d’antihypertenseurs, réduisant ainsi les coûts médicaux. »

Exercice en aérobie associé à la musculation

Également présentée au Congrès, une méta-analyse de Scapini et coll. tranche enfin sur la meilleure modalité d’exercice pour les patients en insuffisance rénale terminale. Ont été inclus 28 essais randomisés portant au total sur 1 045 patients dialysés ; ces essais comparaient l’exercice aérobie (ou cardiovasculaire), l’exercice en résistance (musculation), ou la combinaison des 2 types d’exercice à des groupes témoins. Si chaque type d’exercice peut améliorer la capacité aérobie, seul l’entraînement combiné permet de réduire la pression artérielle (- 6 mmHg pour la systolique, et - 4 mmHg pour la diastolique).

American Heart Association, High Blood Pressure Meeting 2016, Orlando- Floride, Scapini et coll., Goraya et coll., 14 et 15 septembre 2016.

Dr Veronique Nguyen

Source : lequotidiendumedecin.fr