ENCORE aujourd’hui, et malgré les contraintes liées au monde du travail ou à la rupture de la vie de famille traditionnelle, le modèle alimentaire d’une grande majorité de Français se joue à trois temps par jour, à des heures relativement fixes. Chez les adultes, les deux principaux pics sont le déjeuner (entre 12 heures et 13 h 30) et le dîner (entre 19 heures et 20 h 30). « Ce phénomène est massif », indiquent les deux auteurs, Gabriel Tavoularis et Thierry Mathé, chiffres à l’appui : les adultes prenant 7 déjeuners par semaine sont 87,1 % en 2007. De même, ils sont 89,2 % à dîner 7 fois par semaine.
À côté des prises alimentaires traditionnelles (petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner), les autres occasions de s’alimenter sont beaucoup plus rares. Le modèle français, à l’opposé de l’américain, se caractérise par une concentration des apports énergétiques. Tandis que les apports caloriques du dîner sont sensiblement les mêmes (35,7 % en France et 36,1 % aux États-Unis), ceux du déjeuner vont de 37,1 % pour les Français à 24 % pour les Américains, apports qu’il faut ajouter à ceux des prises hors repas, soit 9,8 % pour les premiers et 21,6 % pour les seconds.
Outre-Atlantique, l’action de se nourrir est considérée plutôt comme un besoin technique. « En France, l’idée que l’acte alimentaire puisse se réduire à sa seule dimension fonctionnelle n’a pas cours. Même si l’accélération des rythmes sociaux et les exigences du travail concourent à réduire le temps passé à table, le temps du repas reste valorisé pour lui-même et apparaît comme nécessaire à la vie en société », affirment les auteurs.
Cet investissement alimentaire pourrait expliquer, en partie, que la part des personnes obèses soit nettement plus faible en France (14,5 %) qu’aux États-Unis (26,9 %). La convivialité qui caractérise les tables françaises favoriserait « une discipline collective qui réduit le risque de comportement compulsif ». Les repas de plus d’une heure pris avec un ou plusieurs convives représentent 15 % des repas des Français et peuvent être considérés comme festifs. Ce type de repas est privilégié par les plus de 30 ans, les cadres, les professions intermédiaires.
Bons vivants ou pressés.
Pour analyser les comportements de consommation alimentaire, le CRÉDOC a construit une typologie de consommateurs sur un échantillon de 1 399 individus. Les « gastronomes à la française », qui comptent 40 % de la population, ont le régime alimentaire le plus diversifié. Ils favorisent les repas à trois composantes. La classe des « bons vivants » qui regroupe près de 30 % des individus, a un régime alimentaire axé sur une consommation de produits énergétiquement plus riches mais relativement peu diversifiés. Les « pressés », représentant 20 % de l’échantillon, détiennent l’indice de diversité alimentaire le plus faible avec des produits transformés et préparés. Les temps de repas sont plus courts, les dîners ne sont pas pris à heures fixes. Enfin, les « globalisés » et les « apéritivores » regroupent respectivement 6 % et 4 % des individus.
Dans quelles catégories retrouve-t-on le plus de personnes en surpoids et obèses ? Chez les gastronomes et les bons vivants : de la convivialité, certes, mais point trop n’en faut. « Cela conforte le fait que les nouvelles formes de consommations alimentaires ne conduisent pas à une progression de l’obésité. » Cette dernière, rappellent les auteurs, est « le fait de nombreux facteurs génétiques et environnementaux dépassant le seul cadre de l’alimentation ».
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