« Aujourd'hui, 20-25 % de nos patients avec un glaucome sont dépistés à un stade d'emblée sévère. Nous avons, plus que jamais, besoin de sensibiliser la population à cette pathologie et d'améliorer sa prise en charge », souligne lors d’un point presse organisé par l’association France Glaucome le Pr Cédric Schweitzer, ophtalmologue au CHU de Bordeaux.
Maladie chronique, le glaucome touche entre 1 et 2 % de la population au-delà de 40 ans et environ 10 % après 70 ans. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes atteintes d'un glaucome lié à l'âge pourrait être multiplié par 1,3 dans le monde entre 2020 et 2030 pour atteindre 95 millions de patients en 2030.
Souvent lente, la perte de vision liée au glaucome peut être asymptomatique pendant une dizaine d'années. Non traitée à temps, la maladie peut engendrer une déficience visuelle par diminution du champ visuel et, dans certains cas, la cécité complète. « En France, près de la moitié des glaucomes ne sont pas repérés : une situation critique, car l’absence de diagnostic et les diagnostics tardifs restent trop souvent la cause du handicap visuel. C'est un point majeur de préoccupation pour notre association », explique Josée Gaillard, présidente de France Glaucome.
Communiquer et identifier les personnes à risque
Face à ce constat, un groupe d’experts composé d'ophtalmologues et de représentants d’associations de patients* ont rédigé un plaidoyer en neuf points pour favoriser un dépistage et une prise en charge adaptée à chaque patient. « Il faut, tout d'abord, informer le grand public. Beaucoup de patients ne connaissent pas le glaucome et réduisent la maladie à un excès de pression oculaire, estime le Pr Schweitzer. Or il s'agit avant tout d'une maladie neurologique, avec une dégradation du nerf optique. Comme pour la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), des campagnes de communication sur les facteurs de risque et l'importance du dépistage précoce (dès 40 ans) sont indispensables. Elles pourraient être envisagées sous la responsabilité de Santé publique France et du ministère de la Santé ».
Le deuxième axe du plaidoyer concerne l'identification des personnes les plus à risque de développer un glaucome par l'intégration de questions relatives aux antécédents familiaux dans le questionnaire « Mon bilan Prévention ». Ce dispositif, pris en charge par l’Assurance-maladie, permet aux patients et aux professionnels de santé d’aborder les habitudes de vie, d’identifier des facteurs de risque de maladies chroniques.
Optimiser le dépistage et l'accès à l'innovation
« Le troisième axe clé serait d'harmoniser les pratiques professionnelles avec une recommandation de dépistage systématique du glaucome lors des visites de contrôle. Actuellement, il n'existe pas de recommandation nationale de dépistage de la maladie. Dès 40 ans, une réalisation systématique de la mesure de la pression intraoculaire et une évaluation du nerf optique (photos ou examens du fond d'œil) seraient nécessaires », poursuit le Pr Schweitzer. Parmi les autres propositions du groupe de travail, figurent l'amélioration de l'accès à l'innovation thérapeutique et des remboursements de certains dispositifs médicaux, chirurgicaux ou lasers. Ou encore, la reconnaissance du glaucome comme une maladie handicapante.
Les experts portant l'ensemble de ces propositions ont récemment rencontré la Direction générale de la santé (DGS) qui a communiqué sur le glaucome, via ses réseaux sociaux. Un rendez-vous est prochainement prévu avec la Direction générale de l'offre de soins (DGOS). Cet appel aux pouvoirs publics est soutenu par le député Christophe Marion (3e circonscription du Loir-et-Cher), engagé dans la préservation de la santé visuelle.
* Union nationale des aveugles et déficients visuels (Unadev), Union des aveugles et déficients visuels et association France Glaucome.
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