Des preuves très attendues dans la DMLA

Le bevacizumab aussi efficace que le ranibizumab

Publié le 11/05/2011
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LES OPHTALMOLOGUES attendaient de longue date les preuves de l’efficacité du bevacizumab (Avastin) dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). C’est maintenant chose faite au vu des résultats publiés cette semaine dans le « New England Journal of Medicine » par l’équipe de recherche américaine CATT (Comparison of Age-Related Macular Degeneration Treatments Trials). Si le ranibizumab (Lucentis) est le seul anti-VEGF autorisé dans DMLA dite « humide » avec néovascularisation, l’anticancéreux bevacizumab (Avastin) est prescrit depuis longtemps hors AMM, en raison d’un coût 40 fois inférieur. Les deux molécules ont été développées par la firme américaine Genentech rachetée par Roche. Si tant est que les futures données de pharmacovigilance soient favorables, les autorités sanitaires pourraient être amenées à modifier prochainement leurs avis dans la DMLA.

L’essai clinique a été mené sur une quarantaine de centres aux États-Unis chez 1 208 sujets ayant une DMLA, randomisés en deux groupes, bevacizumab ou ranibizumab. Le critère principal de jugement était l’acuité visuelle à 1 an, mesurée à l’aide d’une échelle de vision de type Monoyer. Étaient inclus les sujets âgés de 50 ans et plus et ayant une DMLA avec néovascularisation diagnostiquée sur l’angiographie à la fluorescéine ou la tomographie par cohérence optique (TCO). Deux protocoles étaient testés pour l’administration des injections intravitréennes, soit une fois par mois, soit à la demande selon les résultats de la TCO. La dose de ranibizumab était de 0,50 mg par injection, celle de bevacizumab de 1,25 mg.

Tolérance à clarifier

Les chercheurs ont mis en évidence que les deux molécules sont aussi efficaces sur l’acuité visuelle à 1 an. Pour le protocole mensuel, le bevacizumab et le ranibizumab ont permis respectivement de gagner en moyenne 8 et 8,5 lettres sur l’échelle de lecture et, de la même façon pour le protocole à la demande, 5,9 et 6,8 lettres. De plus, les deux anti-VEGF ont réduit de manière significative et immédiate le nombre d’exsudats rétiniens. Le groupe ranibizumab a néanmoins compté davantage de résolution complète que le groupe bevacizumab.

Il reste que la tolérance reste à surveiller, puisque l’étude a fait ressortir un signal pour le bevacizumab. Si les taux de décès, d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral (AVC) n’étaient pas différents entre les deux groupes, les chercheurs ont observé davantage d’effets secondaires graves (hospitalisations) dans le groupe bevacizumab (24,1 versus 19,0 %). Néanmoins, les auteurs font remarquer qu’il n’existait pas d’atteinte préférentielle d’organe et que ces observations n’ont pas été constatées dans les essais menés en cancérologie, où les doses sont près de 500 fois celles prescrites pour les injections intra-vitréennes. Les résultats du suivi à deux ans et de 5 autres grands essais comparatifs européens devraient permettre de clarifier à l’avenir ces questions de pharmacovigilance.

N Engl J Med, publié en ligne le 28 avril 2011.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8960