LE LIMBE peut venir au secours de la cornée. C’est ce que montrent les bons résultats d’une étude faite par des ophtalmologistes milanais où une centaine de patients atteints de brûlure cornéenne ont été traités par greffe de cellules souches autologues provenant du limbe controlatéral à la lésion.
La régénération cornéenne dépend de cette zone anatomique, située à la jonction de la sclérotique et de la cornée, et qui constitue le réservoir de cellules souches de la cornée. Si ce réservoir est gravement détérioré, la cicatrisation se fait de façon anormale, aboutissant à une opacité de la cornée.
Les Italiens ont surmonté le problème d’un stock déficitaire en mettant en culture les rares cellules souches encore présentes dans le limbe avant de les transplanter. Pour que le sauvetage soit possible, il faut toutefois qu’il reste suffisamment d’holoclones, une sous-population particulière de ces cellules souches. C’est pourquoi les tissus du limbe recueillis par biopsie ont été mis en culture sur fibrine, un substrat connu pour préserver les holoclones.
Les résultats de l’étude portent sur 113 yeux de 112 patients vus entre 1998 et 2006 pour des lésions cornéennes en général unilatérales, causées en majorité par des brûlures chimiques (n = 103), pour l’essentiel alcalines. La plupart des yeux (84 %) avaient déjà été traités par chirurgie sans grand succès.
Un an après la greffe, 107 transplantations ont été évaluées. Un succès, défini par la disparition des symptômes (brûlures, douleurs, photophobie) et par une surface cornéenne transparente, avasculaire et stable, a été observé pour 82 yeux (76,6 %), un succès partiel (réapparition d’une néovascularisation superficielle en dépit de la quasi-disparition des symptômes) pour 14 yeux (13,1 %), et un échec (persistance des symptômes) pour 11 yeux (10,3 %).
Le marquage p63, spécifique des holoclones, est prédictif du succès de la greffe : avec au moins 3 % des cellules marquées en culture, il existe une régénération cornéenne pour 78 % des yeux ; avec moins de 3 % de cellules marquées, le succès n’est obtenu que dans 11 % des cas. Les auteurs estiment donc que seules les cultures ayant plus de 3 % des cellules marquées p63 devraient être proposées à la transplantation, même si d’autres facteurs interviennent également dans la réussite de la greffe (gravité des lésions initiales, survenue de complications).
N Engl J Med, 2010 ; 363 : 147-55.
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