L’ORTHOKERATOLOGIE EST une technique non invasive et réversible de correction de la myopie et de certains astigmatismes faibles, en alternative à la contactologie classique ou à la chirurgie réfractive. Il s’agit d’une technique ancienne qui n’avait pu se développer initialement par manque de matériau suffisamment performant. Avec l’apparition de lentilles à haut Dk permettant une bonne perméabilité à l’oxygène, elle a pu se déployer progressivement, même si encore peu d’ophtalmologiste la pratique et qu’elle reste très peu connue du grand public. Une étude récente sur les habitudes d’utilisation des différents types de lentilles montre que l’orthokératologie concerne environ 1 % des porteurs de lentilles dans le monde et 2 % en France (International Contact Lens Prescribing in 2011).
L’orthokératologie consiste en un aplatissement de la cornée grâce au port nocturne de lentilles rigides à géométrie inverse, qui exercent une pression positive au centre de la cornée et une pression négative en périphérie. Elle permet une correction des myopies jusqu’à - 4,50 dioptries et des astigmatismes directs jusqu’à 2,50, inverses jusqu’à 1,50. L’aplatissement de la cornée produite par le port nocturne persiste pendant la journée, libérant les patients de toute contrainte correctrice pendant 24 heures. L’obtention d’une efficacité complète nécessite un minimum d’heure de sommeil, d’autant plus que la myopie est importante. On observe une régression de 50 à 70 % de la myopie dès la première nuit. Le résultat complet sera obtenu à partir de 4 ou 5 nuits, selon l’importance de la myopie à corriger, et jusqu’à 2 ou 3 semaines pour les plus fortes myopies. La vision se stabilise après 4 semaines.
Il existe trois fabricants de lentilles d’orthokératologie en France : Menicon (Z Night et Z Night Toric), Precilens (Dreamlite et Dreamlite Toric) et Techno-Lens (OrthoK Boston XO).
Une alternative à la chirurgie réfractive.
L’orthokératologie est indiquée chez tous les patients qui ne peuvent ou ne veulent pas porter de lentilles pendant la journée, soit en raison d’activités de loisirs ou sportives, soit en raison de conditions de travail : environnement poussiéreux, travail sur écran, climatisation… L’orthokératologie peut aussi être une alternative en cas de contre-indication à la chirurgie réfractive, par exemple en cas de cornée trop fine. La technique est également bien adaptée aux enfants, chez qui elle peut être prescrite dès 10-11 ans, contrairement à la chirurgie réfractive qui ne peut être réalisée avant 19 ans. Le port nocturne permet une meilleure sécurité d’utilisation et une meilleure surveillance de la part des parents qui peuvent être présents à la pose et à la dépose. De plus, chez l’enfant, plusieurs études, notamment asiatiques, ont montré une action frénatrice de l’orthokératologie sur l’évolution de leur myopie.
Les examens préalables à la réalisation de la paire de lentilles sur mesure sont une réfraction subjective très précise, une topographie cornéenne, une mesure de l’excentricité cornéenne, une analyse du film lacrymal et une mesure du diamètre pupillaire en faible lumière. Plus l’excentricité pupillaire du patient est grande, plus la modification du rayon de courbure et la possibilité de corriger la myopie sont importantes. Une faible excentricité ne permettra la correction que de myopies moins fortes.
Informer et surveiller.
Une bonne information du patient et une adaptation rigoureuse sont les garants d’une très bonne tolérance de la technique. L’adaptation est devenue simple grâce à l’aide de logiciels performants fournis par les laboratoires qui peuvent être couplés au topographe. Le plus souvent, la première paire de lentilles réalisée est la bonne. La période d’adaptation permet de surveiller l’apparition de problème d’érosion cornéenne et de kératite ponctuée superficielle qui seraient le signe d’une lentille trop plate provoquant des frottements.
Une fois l’adaptation faite, la surveillance doit être régulière, semestrielle chez l’enfant et annuelle chez l’adulte. Le renouvellement des lentilles est annuel. Un encrassement de la surface de la lentille ou l’apparition de dépôts diminuent l’efficacité.
Les contre-indications et les risques liés à l’orthokératologie sont les mêmes que ceux de la contactologie rigide. Le risque est essentiellement infectieux. Les contre-indications sont, globalement, les pathologies oculaires, les maladies de système, les antécédents de chirurgie réfractive, mais aussi les patients peu rigoureux qui n’acceptent pas les contraintes d’entretien et de surveillance.
D’après un entretien avec le Dr Louisette Bloise, ophtalmologiste à Saint-Laurent-du-Var.
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