Les prélèvements nasopharyngés destinés au test diagnostic du Covid-19 sont inconfortables. Mais sont-ils totalement sans danger ? Il semblerait que non de façon très exceptionnelle, comme le suggère un cas clinique rapporté dans le « JAMA Otolaryngology-Head & Neck Surgery ».
Prise en charge dans les services d'oto-rhino-laryngologie, de chirurgie tête et cou et de neurochirurgie, une femme de 40 ans a souffert d'une fuite de liquide céphalorachidien (LCR) à la suite d'un tel prélèvement.
Selon la description qui en est faite, la patiente s'était présentée avec une rhinorrhée unilatérale du côté droit, une sensation de goût métallique, une céphalée, une raideur au niveau de la nuque et une hypersensibilité à la lumière. Elle avait déjà été testée pour le Covid-19 en vue d'une opération programmée pour hernie. Dans ses antécédents, cette femme avait connu un épisode d'hypertension intracrânienne idiopathique et la résection d'un polype nasal au cours des 20 dernières années.
Une encéphalocèle à l'origine de l'incident
Peu de temps après le prélèvement, la patiente s'est plainte d'un écoulement. Une nasopharyngoscopie a révélé la présence d'une masse au niveau du méat antérieur du sinus droit sans pour autant permettre d'identifier la source du fluide en question. Un drainage nasal a détecté la présence de β2-transferrine et l'imagerie (CT-scan et IRM) a révélé une encéphalocèle de 1,8 cm au niveau de l'ethmoïde. Cette hernie était déjà présente sur des clichés datant de 2017. L'hypothèse des médecins est que le prélèvement en lui-même n'a pas perforé l'os de la base du crâne, mais que cette procédure invasive a favorisé la rupture de cette encéphalocèle, sachant que l'hypertension intracrânienne est connue pour être un facteur de risque de ce genre de hernie.
La patiente a été admise pour une opération de réparation endoscopique qui a commencé par une réduction de l'encéphalocèle. Une lésion située à la base du crâne, dans la fovéa ethmoïdale, a ensuite été réparée à l'aide d'une association de matrice cutanée humaine acellulaire et d'un acide polylactique. Elle a ensuite été admise en neurologie pour la pose d'un drain lombaire.
« À notre connaissance, c'est le premier cas décrit d'une fuite de liquide céphalorachidien iatrogénique après un prélèvement nasopharyngé », expliquent les chirurgiens de l'hôpital universitaire de l'Iowa. Des événements similaires avaient déjà été observés lors d'opérations chirurgicales intranasales mais jamais lors d'une procédure invasive aussi bénigne. Compte tenu du très grand nombre de tests réalisés en ce moment aux États-Unis, et du fait qu'un prélèvement soit systématiquement demandé avant une opération intranasale, il est possible qu'un tel incident se reproduise chez les patients ayant une anatomie nasale complexe ou fragilisée. Chez de tels patients, « des alternatives au prélèvement intranasal doivent être envisagées », concluent les auteurs.
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