DANS « NATURE », les chercheurs rappellent que des travaux antérieurs ont montré que les acouphènes consécutifs aux dommages cochléaires induits pas l’exposition à un bruit intense, sont corrélés à une réorganisation au niveau du cortex auditif. « Les traitements actuels consistent à faire un masquage du son ou à apprendre à l’ignorer. Nous montrons qu’il est possible d’éteindre ce son. »
Les acouphènes surviennent fréquemment - mais non uniquement - dans le contexte de l’installation d’une perte auditive. Quand les cellules cochléaires sont endommagées, les signaux qu’elles envoient au cortex sont modifiés. Le développement des acouphènes est corrélé à une suractivation de certains neurones (ils sont trop nombreux à se régler sur une fréquence donnée), et à une hypersynchronisation neuronale dans la région.
Des changements au niveau du cortex auditif.
Les auteurs sont parvenus à induire des changements au niveau du cortex auditif, en couplant une stimulation du nerf vague à l’audition d’un son. L’étude a été réalisée chez 8 rats, chez qui des acouphènes avaient été induits expérimentalement par exposition à des bruits intenses.
Pendant 20 jours, Michael Kilgard, Navzer Engineer et coll. ont fait entendre des sons à une fréquence de 9 kHz à ces rats. En même temps, qu’une électrode a délivré une petite impulsion électrique au nerf vague.
Les chercheurs observent ensuite que le nombre des neurones corticaux réglés sur 9 kHz a chuté de 79 % par comparaison avec des rats témoins.
Un deuxième groupe de rats a été confronté à deux sons différents, 4 kHz et 19 kHz. Mais le nerf vague n’a été stimulé que pour le son à 4 kHz. Seuls les neurones ayant reçu les deux types de stimulation ont décru, indiquant que le son seul n’est pas capable d’induire la modification.
Le groupe montre ensuite que les acouphènes peuvent être réduits par une augmentation du nombre des neurones réglés sur d’autres fréquences que celle de l’acouphène.
Le bénéfice acquis chez les rats traités se maintient pendant au moins trois mois et demi après l’exposition au son délétère, tandis que les témoins continuent à s’aggraver.
En évaluant les réponses dans le cortex auditif, on constate que l’organisation des neurones des animaux traités est revenue à un niveau normal. Dans le groupe témoin, les altérations se sont poursuivies.
La stimulation du nerf vague associée à une stimulation par des sons non seulement permet une réorganisation des neurones qui recommencent à répondre à leur fréquence initiale, mais aussi rend les réponses cérébrales plus adéquates, réduit l’excitabilité et réduit la synchronisation des neurones du cortex auditif.
Rappelons que la stimulation du nerf vague est utilisée dans le traitement de l’épilepsie et de la dépression.
Dans les acouphènes un protocole d’étude pilote est en train d’être finalisé. Cette étude devrait commencer en Europe. Les chercheurs s’attachent à affiner la méthode pour trouver les fréquences les mieux adaptées et la durée du traitement.
Nature, 12 janvier 2010.
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