EN STIMULANT le pneumogastrique et en faisant entendre simultanément des sons pendant une durée prolongée, des chercheurs sont parvenus à éliminer des acouphènes et à restaurer une activité normale au niveau du cortex auditif dans un modèle animal expérimental.
Les acouphènes consécutifs à l’exposition à un bruit intense sont corrélés à une réorganisation au niveau du cortex auditif. Les traitements actuels consistent à faire appel à un effet masque ou à apprendre à les ignorer. Mais il serait possible « d’éteindre » ce son…
Les acouphènes surviennent fréquemment dans le contexte de l’installation d’une perte auditive. Quand les cellules cochléaires sont endommagées, les signaux qu’elles envoient au cortex sont modifiés. Le développement des acouphènes est corrélé à une suractivation de certains neurones, trop nombreux à se régler sur une fréquence donnée, et à une hypersynchronisation neuronale dans la région en cause.
N. D. Engineer et coll. sont parvenus à induire des changements au niveau du cortex auditif en couplant une stimulation du nerf vague à l’audition d’un son. L’étude a été réalisée chez 8 rats chez lesquels on a provoqué des acouphènes expérimentalement par exposition à des bruits intenses. Pendant vingt jours, les auteurs ont fait entendre des sons à une fréquence de 9 kHz à ces rats. Parallèlement, une électrode a délivré une impulsion électrique de faible intensité au nerf vague. À la suite de cette manœuvre, le nombre des neurones corticaux réglés sur la fréquence du bruit a chuté de 79 % par comparaison avec des rats témoins.
Les acouphènes peuvent par ailleurs être diminués par une augmentation du nombre des neurones réglés sur d’autres fréquences que celle de l’acouphène.
Le bénéfice acquis chez les rats traités se maintient pendant au moins trois mois et demi après l’exposition au son délétère, tandis que les témoins continuent à s’aggraver.
La stimulation du nerf vague associée à une stimulation par des sons permet une réorganisation des neurones qui recommencent à répondre à leur fréquence initiale, mais rend également les réponses cérébrales plus adéquates.
Une étude clinique pilote européenne est envisagée par les auteurs.
Engineer ND et coll. Reversing Pathological Neural Activity Using Targeted Plasticity. Nature 2011;470(7332):101-4.
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