Évaluation audiométrique des surdités
Les surdités traitées ici sont celles qualifiées « de perception », ou « neurosensorielles », c’est-à-dire impliquant une atteinte de la cochlée et/ou du nerf auditif.
Les surdités qualifiées « de transmission », par atteinte mécanique (lésion du tympan ou des osselets), sont traitables chirurgicalement pour la majorité. Elles ne seront donc pas abordées dans cet article.
La plage des sons utilisés pour la parole s’étend de 250 Hz (sons graves, de basse fréquence) à 8 000 Hz (sons aigus, de haute fréquence), en passant par les sons de fréquence moyenne (autour de 1 000 Hz).
La perception normale est à 0 dB HL (décibel Hearing Level), ces décibels correspondant aux plus petits sons perçus par des personnes jeunes en bonne santé, soit avec une absence de perte auditive : le zéro est donc un zéro relatif. Une audition normale se traduit donc par une courbe plate sur la ligne des 0 dB, à la partie supérieure du graphique.
L’audition est considérée dans les limites de la normale si les seuils de perception se situent entre 0 et 20 dB de perte (figure 1).
Une surdité se traduira par une perte d’audition :
1) quantitative (niveau de « surdité ») : la courbe de réponse se place de plus en plus bas, ce qui permet de qualifier la surdité de légère, moyenne, sévère ou profonde (figure 2) ;
2) qualitative (type de courbe « audiométrique ») : la perte auditive peut ne pas être équivalente sur tous les sons : elle peut prédominer sur les sons graves, médium ou aigus (figure 3) ;
Cet aspect quantitatif conditionne la qualité de la discrimination des mots. Une personne ayant perdu l’audition des sons aigus, par exemple des sons de fréquence› 1 000 Hz, entendra : « Po poul mouon bo bour ? » pour la phrase « Qu’est ce qu’il vient de dire ? ». En effet, si la perception des sons graves permet la reconnaissance des voyelles (A, OU, U), riches en énergie, la perception des sons aigus (› 2 000 Hz) est indispensable à la reconnaissance des consonnes (P, T, Q, S, CH, F) qui sont des productions de faible énergie, donc facilement masquées par des sons graves.
Au niveau anatomique, il existe une « tonotopie fréquentielle » de la cochlée, mais aussi du nerf auditif :
- le sommet de la cochlée, ou apex, code pour les sons graves,
- le milieu de la cochlée code pour les sons de moyenne fréquence,
- la base de la cochlée code les sons aigus.
Fonctionnement
Fonctionnement des prothèses conventionnelles
La prothèse capte (au niveau d’un microphone) les sons de l’environnement (bruit, parole), les amplifie, et les réinjecte par le biais d’un "embout", dans le conduit auditif externe. Les sons amplifiés sont ensuite traités par les restes auditifs de la personne sourde ; la perception finale est donc largement dépendante de ces restes auditifs, donc du niveau et du type de surdité.
Les prothèses actuelles étant presque toutes « numériques », le champ fréquentiel perçu est découpé en bandes, plus ou moins nombreuses, modulables, permettant d’offrir des amplifications sélectives, différentes, adaptées à la forme de la courbe audiométrique (figure 4).
Les prothèses fonctionnent avec des piles boutons : une grosse pile permet à une prothèse puissante de fonctionner 10 à 15 jours ; une petite pile (prothèse intraconduit) permet 8 à 10 jours de fonctionnement. Les prix des prothèses oscille entre 1 000 et 2 000 euros.
Récupération auditive
Pour les surdités moyennes, peu sévères ou prédominant sur les sons graves (figure 4), les prothèses donnent de bons résultats : la perception des sons graves, médium et aigus est rééquilibrée au mieux. La tolérance est très améliorée par rapport aux anciennes prothèses analogiques.
Le handicap auditif est plus important dans le cas des courbes dites « en pente de ski » (figure 5), c’est-à-dire avec une perception des sons graves respectée et une quasi-absence de perception des sons aigus : de nombreuses consonnes n’étant plus perçues, la discrimination de la parole est extrêmement dégradée ; l’appareillage n’arrive pas à restituer une perception suffisante des sons aigus, et donc une audition utile.
Dans le cas des surdités sévères (figure 5), profondes (figure 5) voire totales (cophose : figure 6), les prothèses ne permettent pas de redonner une perception équilibrée, et surtout riche en sons aigus : la discrimination des mots reste très altérée, voire impossible. En cas de cophoses, seules des réponses vibratoires peuvent être obtenues.
Ce sont ces types de surdités qui amènent à proposer un implant cochléaire.
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