C’EST une « première » mondiale, selon ses auteurs, plutôt originale que rapporte une revue américaine d’ORL. Il s’agit de la désincarcération de la langue d’un garçon de 9 ans coincée dans l’orifice d’une gourde métallique. Première par le contenant, puisque bouteilles en verre ou cannettes (de soda ou de bière) ont déjà piégé la langue de consommateurs. Malheureusement, l’arsenal médico-chirurgical ne contient pas d’instrument permettant l’extraction de l’organe captif. Il a donc fallu que Chad W. Whited et coll. (Durham, Caroline du Nord) fassent preuve d’imagination pour secourir le jeune homme. Ils en tirent quelques conclusions sur de futurs cas.
Un patient de 9 ans est donc admis aux urgences ORL de Durham. Il avait peu auparavant aspiré fortement sur le goulot de sa gourde de 750 ml, à l’effigie de Woody, le cow-boy de Toy Story. La dépression ainsi créée avait aspiré sa langue à l’intérieur. L’équipe d’urgence appelée par l’entourage avait aussitôt percé le récipient afin de rétablir la pression dans le flacon, mais sans succès. Elle avait également constaté que l’enfant n’était pas gêné pour respirer.
Dès l’admission le patient reçoit du fentanyl. Il se plaint d’une sensibilité extrême de la langue à la manipulation de la gourde. Une injection de dexaméthasone suivie d’une tentative de traction sur la bouteille après lubrification de la langue échoue. Il est décidé de sectionner la partie inférieure de la gourde avec une scie électrique à plâtre afin de visualiser l’état de l’organe. Son volume est estimé au triple de la normale en raison de l’œdème. Des tentatives de constriction échouent.
Un métal plus épais.
Les ORL ont alors recours aux instruments de type pinces coupantes utilisées en chirurgie. Malheureusement, si ces outils arrivent à sectionner l’aluminium fin des cannettes de soda, la gourde, d’un métal plus épais, résiste. Un instrument plus puissant s’avère nécessaire. Ce n’est plus dans l’arsenal chirurgical qu’il faut aller chercher, mais dans celui des équipes d’entretien de l’hôpital. Le choix se porte sur une cisaille à métal. Après un nettoyage et une désinfection soigneux, l’outil tranche aisément la gourde du bas vers le haut, à droite et à gauche.
Mais, à hauteur du goulot, un cerclage renforcé empêche la séparation des deux hémigourdes ainsi créées. Il faut appliquer une force plus grande sur les poignées de la cisaille pour le sectionner, le tout à proximité de la langue. Une bande malléable en métal est donc insérée entre la langue et le goulot, qui est enfin coupé, libérant l’enfant du piège métallique.
Le soulagement est immédiat, même si la protrusion de la langue persiste. Aucune perturbation respiratoire ne survient. Le lendemain matin l’amélioration clinique est très nette et l’enfant regagne son domicile.
Des cas similaires ont été rapportés dans la littérature avec des bouteilles en verre (que les médecins hésitent à briser) ou des canettes (plus fines). Ils font apparaître un risque potentiel (jamais décrit) celui d’une extension brutale de l’œdème de la pointe de la langue vers la base, obstruant les voies respiratoires. Ils montrent aussi les carences en matériel chirurgical de désincarcération de la langue.
Arch Otolaryngol Head Neck Surg, vol 137, n°6, pp. 625-627.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024