Quelles tendances les consultations pédiatriques pour asthme aux urgences suivent-elles ? C’est la question posée par une étude américaine d’ampleur, qui visait à rechercher les facteurs pesant significativement sur la survenue de crises d’asthme pédiatrique (enfants de 5 à 19 ans) au sein d’un vaste bassin géographique de population (1). Ses résultats sont sans appel : primo, les pics de pollution de faible intensité sont associés à une augmentation significative de ces passages aux urgences, secundo, ces excès de consultations, traditionnellement qualifiés de « pics saisonniers de l’asthme », n’ont absolument rien à voir ni avec le « temps météorologique » ni avec le « temps astronomique ». C’est bien et uniquement les pics de pollution de basse intensité qui sont en cause.
Des taux inférieurs aux seuils critiques
Diverses données suggèrent qu’on ne peut expliquer le phénomène des « asthmes saisonniers » par la météo (chaud/froid, sec/humide..), ni par la saisonnalité elle-même (équinoxe/solstice..). Pourtant, ces critères continuent d’être cités faute d’autre explication. C’est ainsi que les auteurs se sont intéressés à la pollution « de basse intensité », c’est-à-dire inférieure aux seuils définis par l’EPA (qui sont encore moins contraignants que ceux européens de l’AEE). De nombreuses régions aux États-Unis sont habituellement « peu polluées » selon ces critères.
L’étude se fonde sur plus de 66 000 consultations aux urgences pour asthme survenues entre 2005 et 2014 en Caroline du Sud chez des jeunes âgés de 5 à 19 ans. Les dates de consultation en urgence pour crise d’asthme (diagnostic primaire aux urgences) ont été mises en parallèle avec les données de qualité de l’air le même jour pour divers polluants ainsi qu’avec les données météorologiques et astronomiques du jour. La Caroline du Sud est un état américain dans lequel un grand nombre d’enregistreurs de la qualité de l’air ont été déployés, et cela depuis fort longtemps.
L’analyse repose sur un modèle Bayésien stratifié sur le temps, avec cross-over quantifiant les associations entre les pics de consultations aux urgences pour asthme pédiatrique et huit variables, six concentrations en polluants et deux variables météorologiques.
Particules fines, PM10 et NOx
L’analyse montre que les grosses particules (PM10) et les oxydes nitrés (NOx) peuvent contribuer aux consultations pour asthme tout au long de l’année mais sont surtout impliquées dans la haute saison d’asthme automnale. Les particules fines (PM2,5) sont uniquement associées aux petits pics épidémiques de l’été. « Il y a en revanche peu d’associations avec les saisons d’asthme d’intensité moyenne hivernales ou avec les saisons d’intensité élevée printanières. Ce qui suggère qu’elles soient liées à d’autres facteurs causaux tels des infections virales », notent les auteurs. Des conditions météo associant froid et sec durant l’été, ou des températures élevées durant l’été ou l’automne sont également associées à une augmentation des consultations.
Dans les régions généralement peu polluées, rurales comme urbaines, l’impact des taux en particules sur le taux de consultation est majeur, mais uniquement durant l’été et l’automne, et d’intensité variée en fonction de la taille des PM.
(1) M Bozigar et al. Using Bayesian time-stratified case-crossover models to examine associations between air pollution and “asthma seasons” in a low air pollution environment. PLoS ONE 2021; 16: e0260264 . doi.org/10.1371/journal.pone.0260264
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