Le traitement désensibilisateur par comprimés sublinguaux en cas de manifestation allergique aux pollens de graminées représente l’une des grandes nouveautés de ces deux dernières années dans le domaine de l’allergologie. Reste à espérer qu’ils sont capables de modifier l’histoire de la maladie en évitant le passage de la rhinite à l’asthme. Explications du Pr Jocelyne Just.
Dans l'allergie respiratoire, on disposait jusqu’à il y a peu de temps des injections puis des solutions sublinguales d’allergènes. Aujourd’hui, il existe deux médicaments disponibles en pharmacie sous forme de comprimés sublinguaux. Il s’agit d’extraits de pollens de graminées commercialisés sous le nom de Grazax (Laboratoires ALK) et prochainement d’Oralair (Laboratoires Stallergènes). « Les comprimés sublinguaux ont bénéficié d’études en double aveugle contre placebo sur de grandes cohortes. Ils sont indiqués pour l’instant qu’en cas de manifestation allergique (rhinite et conjonctivite persistantes, modérées à sévères) aux pollens de graminées », précise le Pr Jocelyne Just.
Un des avantages de ces nouveaux traitements est que, contrairement à la désensibilisation par solution sublinguale, la dose maximale est administrée d’emblée (1 cp pour Grazax et 1 cp à dose croissante 2 jours de suite pour Oralair). Pour cette raison, le premier comprimé pour ces deux produits doit être pris chez le médecin. Ce traitement est destiné à des patients souffrant d’une allergie aux pollens de graminées relativement sévère, invalidante, persistante et objectivée par des tests spécifiques. « Cela, insiste le Pr Just, que le sujet soit monosensibilisé ou polysensibilisé. C’est une notion relativement nouvelle car avant on ne désensibilisait que les patients monosensibilisés. Or, la monosensibilisation est rare ; de plus, en cas de polyallergies, on peut désensibiliser à l’allergène le plus invalidant».
Un autre élément important est la durée du traitement et son effet modificateur sur l’histoire naturelle de la maladie. Le traitement par injections était administré de façon perannuelle. Avec les comprimés, on traite trois à quatre mois avant la saison pollinique, puis pendant la saison pollinique (de janvier à fin juillet en région parisienne). Les résultats sont pour l’instant satisfaisants sur l’effet symptomatique de la désensibilisation (efficacité à court terme) « Mais, souligne le Pr Just, on attend d’un traitement désensibilisateur qu’il soit efficace à court terme mais aussi à long terme. C’est-à-dire qu’il ait un effet sur l’histoire naturelle de la maladie, qu’il permette d’éviter le passage de la rhinite à l’asthme ou d’une sensibilisation unique à des sensibilisations multiples. On ne sait pas encore si les traitements pré- et cosaisonniers vont agir sur l’histoire naturelle de l’allergie à long terme. Pour le moment les études montrent qu’il existe un effet rémanent avec Grazax trois ans après l’arrêt du traitement sur les symptômes de rhinoconjonctivite, mais il s’agit d’études dans lesquelles les comprimés étaient administrés en mode perannuel ».
Une étude clinique multicentrique européenne est en cours avec pour objectif d’étudier l’effet préventif de l’immunothérapie spécifique sur le risque de passage de la rhinite à l’asthme, chez des enfants de 5 à 12 ans souffrant de rhino-conjonctivite allergique induite par le pollen de graminées. Menée en double aveugle contre placebo, elle suit environ 600 enfants et doit évaluer l’effet préventif de Grazax sur l’asthme après trois ans de traitement. Les premiers résultats sont attenduspour 2014.
D’après un entretien avec le Pr Jocelyne Just, chef du service d’allergologie, hôpital Trousseau, Paris.
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