Syndrome bien connu chez les parents d’un nouveau-né hospitalisé en réanimation néonatale, le stress post-traumatique parental peut aussi survenir à la suite d’un accouchement : même si celui-ci est considéré comme normal d’un point de vue médical, les données internationales montrent que de 1 à 5 % des mères – plus souvent concernées que les pères – vont développer un stress post-traumatique. Et, en cas d’événement au moment de l’accouchement tel qu’une césarienne en urgence ou une manœuvre instrumentale, sources d’angoisse de mort pour la mère ou l’enfant, ce taux peut aller jusqu’à 30 %. « La symptomatologie du syndrome post-traumatique, définie par des symptômes persistants un mois après l’événement, se décline selon quatre axes : la reviviscence de l’évènement traumatique par des flash-back ou des cauchemars, des évitements de ce qui pourrait le rappeler, des bouffées d’angoisse, peu prévisibles pour le sujet, qui peut aussi présenter des ruminations cognitives négatives et une perte d’estime de soi, avec parfois une évolution vers une véritable dépression », indique la Dr Bérengère Beauquier-Maccotta, pédopsychiatre, hôpital Necker-Enfants Malades, Paris.
Moindre langage à 11 ans
Mais à ce moment de la vie, ces symptômes surviennent chez un parent qui doit en même temps prendre en charge un nourrisson : celui-ci se retrouve ainsi pris dans cet événement. « Certaines mères pourraient, malgré elles, mettre à distance l’enfant car il est associé à l’évènement traumatique, mais aussi parce qu’elles cherchent à le protéger de ce vécu de stress. Il est nécessaire d’être vigilant à la survenue de troubles dans la relation avec le tout-petit », note la Dr Beauquier-Maccotta. Des études menées par des équipes suisses, pionnières dans ce domaine, ont souligné l’effet à long terme de ce stress post-traumatique maternel chez des enfants prématurés, dont les compétences verbales à l’âge de 11 ans étaient moindres, indépendamment du pronostic de la prématurité.
Une parole des soignants
La prévention est importante, elle se fonde notamment sur le soutien et l’écoute des équipes soignantes, en favorisant toutes les mesures qui permettent aux parents de ne pas être passifs face à un événement inquiétant. Bien sûr, cette anticipation n’est pas toujours possible en cas de situation d’urgence où, quelle que soit l’attention des équipes, l’événement est subi. Dans ces cas, le soutien, les paroles et la disponibilité de l’équipe, même dans l’urgence, restent des facteurs de protection.
Après l’événement, un deuxième temps d’attention et de prévention est essentiel pour permettre aux parents d’en parler avec les soignants, car il peut y avoir une perte de la temporalité des choses. « En parler permet de recréer un scénario, de remplir les blancs, souligne la Dr Beauquier-Maccotta. Si le stress perdure, il peut être utile de passer rapidement la main à un psychiatre ou un psychologue. Quelques entretiens précoces permettent bien souvent de reconnecter rapidement les parents et leur nouveau-né et de prévenir la survenue d’un stress post-traumatique constitué. Les pédiatres libéraux ont aussi un rôle important à jouer à distance de l’événement, en questionnant les familles sur leur vécu ».
Entretien avec la Dr Bérengère Beauquier-Maccotta, Paris
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