« Un réseau périnatal est un réseau qui associe un volet pré et un volet postnatal », explique, en préambule, le Pr Yannick Aujard. En France, au cours des dernières années, de nombreux réseaux périnataux ont vu le jour. Un des plus implantés est celui du Languedoc-Roussillon, animé par l’équipe du CHU de Montpellier. Mais leur développement est encore hétérogène selon les régions. « Bien organisés dans beaucoup de régions, ils sont encore en voie de constitution dans d’autres », ajoute le Pr Aujard. Le principe est de rattacher les maternités de type I et II à un centre périnatal de type III, qui a en outre la responsabilité du centre de diagnostic prénatal de référence.
En Ile-de-France, il existe aujourd’hui plusieurs réseaux de périnatalité fonctionnels : sud ouest francilien, Val d’Oise, 93, et Paris Est, récemment rattaché, au moins dans son volet postnatal, au réseau nord. « Historiquement, le premier a été celui du sud-ouest francilien animé par l’équipe de Clamart et actuellement par l’équipe de Corbeil. Le réseau Paris-Nord a été fondé il y a 7 ans par une collègue obstétricienne, aujourd’hui décédée, le Pr Dominique Mahieu-Caputo. La mise en place initiale de ce réseau a d’abord été prénatale, notamment pour développer les formations des professionnels au suivi des grossesses et à l’échographie en optimisant les relations ville-hôpital et en assurant les formations. Il a été complété, en 2008-2009, par un volet postnatal, sous l’égide du centre périnatal de référence du réseau, à Robert Debré », explique le Pr Aujard.
Des réseaux pluridisciplinaires
Les réseaux périnatals fonctionnent sous forme d’associations qui regroupent des professionnels de santé (libéraux, salariés, d’institutions publiques ou privées…) travaillant dans le champ de la périnatalité : médecins, sages femmes, psychologues, échographistes, kinésithérapeutes, diététiciens… et bien d’autres. Ces professionnels exercent en cabinet, en maternité, hospitalière ou privée, en néonatologie, en centre de Protection maternelle et infantile (PMI), en centre de santé, en centre médicopsychologique (CMP)....
L’organisme financeur, en règle exclusif, est l’Agence régionale de santé (ARS) dont ils dépendent. Un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens permet aux instances sanitaires de financer ces réseaux lorsque ceux-ci ont signé une convention et validé un cahier des charges très structuré.
Ces réseaux ont pour buts d’améliorer la qualité, la continuité des soins périnataux, de favoriser l’accès au suivi obstétrical précoce, l’inscription dans les maternités, le retour à domicile après la naissance, et d’assurer le suivi spécialisé des nouveau-nés vulnérables… « Il y a un volet médical et un volet social. Dans le volet prénatal, par exemple, ce volet social vise à assurer le meilleur suivi de la grossesse chez des femmes enceintes vivant dans des milieux défavorisés. Parmi les missions importantes du réseau, la formation continue des professionnels est essentielle, notamment dans le domaine de l’échographie mais également dans le suivi des nouveau-nés. Le rôle du réseau est d’organiser la mise en relation des professionnels, en particulier ceux qui font du suivi de grossesse principalement, en médecine libérale, mais aussi dans des établissements de santé privés et publiques, ceci afin de faciliter l’accès aux établissements hospitaliers selon les problématiques rencontrées, échographiques, cliniques, génétiques, afin de prendre le relais du suivi par une structure de référence », indique le Pr Aujard.
Le volet postnatal est très centré sur le suivi des ex nouveau nés dit vulnérables. « Je ne trouve pas que cette appellation soit très judicieuse. On devrait plutôt parler de nourrissons à risque accru de trouble du développement. La cible, ce sont les prématurés de moins de 32 semaines mais aussi certaines autres pathologies de la période néonatale comme les souffrances fœtales sévères, les méningites bactériennes, les fœtopathies,… Ce suivi est organisé par un réseau ville-hôpital. Des médecins-pilotes du réseau, essentiellement des pédiatres, assurent des consultations de suivi et de dépistage à des âges clé. Ils assurent, en cas de besoin, la coordination des consultations spécialisées, la mise en place de la psychomotricité, de la kinésithérapie, l’intervention de psychologue soit du réseau libéral soit en confiant l’enfant dans des structures de type CAMSP (centre d’action médicosociale précoce) ou CMP. L’objectif global de ce suivi est de faire un dépistage et une prise en charge précoce, tout en assurant une prise en compte des problèmes sociaux et familiaux », explique le Pr Aujard.
Les réseaux périnatals ont comme interlocuteur privilégié les ARS. « La reconnaissance de la part de l’administration est totale puisque c’est l’ARS qui assure notre financement intégral. Les gynécologues-obstétriciens et les pédiatres des réseaux sont d’ailleurs largement sollicités par l’ARS pour la mise en place du volet pré et postnatal du volet périnatal du prochain schéma régional d’organisation sanitaire, le SROS 4 », indique le Pr Aujard.
Une journée annuelle des réseaux de périnatalité est organisée chaque année en Île de France. Elle a eu lieu, cette année, le 17 octobre.
D’après un entretien avec le Pr Yannick Aujard, président du réseau périnatal Paris Nord, ancien chef de service de réanimation et de pédiatrie néonatales de l’hôpital Robert Debré, Paris.
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