« Faut-il continuer à supplémenter en vitamine D les enfants en bonne santé ? », c’est la question posée par le conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) dans son avis du 29 mars 2024. Si le Collège se prononce en faveur d’une supplémentation systématique pour les enfants présentant une situation à risque (en particulier les nourrissons de moins d’un an), il se montre beaucoup plus réservé pour l’intérêt dans la population pédiatrique générale.
Depuis l’instauration de la supplémentation en vitamine D dans les années 1960 et la commercialisation de laits enrichis en vitamine D depuis 1992, le rachitisme est devenu « une maladie quasi exceptionnelle », qui « affecte les enfants allaités qui n’ont pas reçu de supplémentation vitaminique avant l’âge de cinq ans et dans une moindre mesure ceux ayant des facteurs de risque de carence (obésité, peau noire, absence d’exposition au soleil, diminution de l’apport) », est-il rappelé dans l’avis du CNGE.
Une balance bénéfice/risque à mieux évaluer
La question en population générale a fait l’objet de multiples recommandations et avis d’experts, toutes s’accordant sur la nécessité d’une supplémentation chez le très jeune enfant, mais « ils préconisaient des posologies et indications différentes en termes d’âges ou de facteurs de risque », lit-on dans l’avis. Pour rappel, en mars 2022, la Société française de pédiatrie (SFP) a ainsi mis à jour et simplifié ses recommandations pour les 0-18 ans pour faciliter la mise en œuvre et l’observance. Une dose entre 400 et 800 UI par jour de vitamine D2 ou D3 est recommandée entre l’âge de zéro et deux ans. Pour les 2-18 ans, la SFP émet la même recommandation, sauf en cas d’un ou plusieurs facteurs de risque où la dose nécessaire est plus élevée (entre 800 et 1 600 UI/jour). Si l’observance d’une prise quotidienne pose problème, les experts ont laissé la porte ouverte à une prise intermittente (par exemple, en l’absence de facteur de risque, une ampoule à 50 000 UI par trimestre ou une ampoule à 80 000 ou 100 000 UI à l’entrée et à la sortie de l’hiver).
Au vu d’une revue de la littérature, le CNGE estime que « l’indication de supplémentation en vitamine D s’est construite d’après une observation épidémiologique historique de la réduction de l’incidence du rachitisme », soulignant « la rareté des essais comparatifs randomisés de bonne qualité méthodologique ». Néanmoins, « il est raisonnable de maintenir une supplémentation systématique de 400 à 800 UI/jour chez les nourrissons en particulier avant l’âge d’un an, en cas d’allaitement maternel, ou en présence de facteurs de risque de carence », recommande l’avis, « même si le bénéfice clinique individuel est actuellement impossible à démontrer tant l’incidence du rachitisme est faible ». Mais pour les autres situations cliniques, le CNGE conclut que « les données actuelles ne permettent pas de conclure à une balance bénéfice/risque favorable » .
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